Chaque jour en Bretagne, ce sont des millions d’œufs qui sont cassés pour la production industrielle, gâteaux, crêpes, restauration collective… mais où vont les coquilles?

A Plounévézel, il y a 32 ans, M. Joël Pinsec a trouvé la solution pour faire disparaître ces montagnes de coquilles d’œufs en un amendement calcaire constitué de 45% d’oxyde calcique favorable pour les terres cultivables.

«C’est en 2000, alors que je me trouvais avec trop de produits, que j’ai commencé à en vendre à d’autres agriculteurs, dont mon premier client, M. Kersulec. J’ai dû créer une société –Coqui Calc– à Plounévézel, et ce qui me semblait être une contrainte s’est vite révélé une opportunité. Aujourd’hui l’unité tourne bien, après le ralentissement lié à la période du covid.

Actuellement nous épandons sur un rayon de 15 km autour de Plounévézel environ 700kg de coquilles par hectare et par an.

Une solution pour permettre à notre portefeuille d’environ 90 agriculteurs de rééquilibrer le pH des sols trop acides dans la région.

Au final nous fonctionnons avec environ 3500 tonnes de matières épandues dans les champs alentour. Un travail qui commence dès le printemps où 1/3 sont répandus alors que les deux autres seront livrés après la moisson.»

Actuellement, grâce à une météo clémente, Joël et Mathieu Pinsec sont en pleine période d’épandage, chargeant et répartissant dans les champs, grâce à leur remorque transportant 18 tonnes de coquilles.

Les camions en provenance de l’ouest du Finistère livrent régulièrement l’entrepôt, mais il faut compter environ 5 à 6 mois avant de les épandre. Un premier silo réceptionne la marchandise durant 4 à 5 semaines avant qu’elle passe dans un deuxième espace, où les coquilles vont monter en température jusqu’à 60°C durant 15 jours, avant d’être considérées comme assainies. Elles seront ensuite entreposées en extérieur. Un bâtiment va bientôt être construit pour stocker la production avant la livraison.

L’aspect financier séduit aussi les agriculteurs, à environ 45€ la tonne de coquilles d’œufs, la différence avec la chaux qui revient aux environs de 200€ est séduisante.

Si M. Pinsec préfère parler de « résidus de l’activité humaine », un terme plus valorisant, c’est tout de même ce qui servira à la pousse du blé…

«Pour nous, la boucle de l’économie circulaire est assurée, nous récupérons désormais la moitié de la production des casseries d’œufs bretonnes que nous valorisons avec bien peu de transformation et un coût réduit.»