Quelle surprise pour M. Jean-Claude Talec qui depuis son enfance a vécu au contact des chevaux, de pouvoir vivre une telle émotion à Montpazier en Dordogne. En retraite depuis quelques années, c’est dans son élevage qu’est né, il y a huit ans, son cheval «Dihun du Moulin», devenu champion de France d’endurance après un parcours de 120 km en août dernier.
«Je n’ai qu’un petit élevage, j’ai eu jusqu’à 13 chevaux, maintenant je n’en ai plus que 6 et remporter une telle victoire à plusieurs centaines de kilomètres de St-Hernin, ce n’est pas rien… quelle sensation !»
Dès sa naissance, Dihun du Moulin s’est fait remarquer. Une vivacité exceptionnelle avec un tonus particulier. Préférant les chevaux plus fins, M. Talec, ancien enseignant d’art plastique au collège Beg Avel, a vu naître ce hongre de race arabe qui a grandi dans les prairies de St-Hernin. Un peu plus grand que la moyenne – 1,61m – semblant être un peu plus lourd, il se révèle cependant d’une souplesse incroyable avec une allonge exceptionnelle. Huit ans, un âge idéal pour la compétition, Dihun du Moulin s’est présenté comme un marathonien avec un rythme cardiaque idéal.
«Nous avons mené durant ces 8 ans un travail d’équipe. C’est Noémie Le Bot, jeune cavalière de 17 ans, qui l’a débourré pendant un an. Puis, il a rejoint les écuries du jeune Thibaut Launay, 20 ans, qui l’a entraîné. Thibaut a déjà gagné de belles compétitions, mais ce jour-là, sur les 120 km, c’est le cheval qui a mené la course, il était d’une forme incroyable. Dans le dernier parcours, tous avaient parié sur la championne d’Europe. Dihun du Moulin avait 3 minutes de retard, et il restait une côte de plusieurs kilomètres à franchir. Certains la montent au pas, rares sont ceux qui la montent au trot, et là on a vécu un rêve, il est parti comme une flèche doublant la championne, arrivant en tête sans être essoufflé.»
Après avoir remporté une telle victoire, Dihun du Moulin a pris quelques mois de repos avant de reprendre un programme d’entraînement afin d’être prêt pour la sélection, début mars, des championnats du monde, toujours avec son cavalier. Une nouvelle aventure où seulement quelques chevaux feront partie du choix final.
«Les félicitations sont venues d’un peu partout, mais pour moi, cela me coûte cher : les frais d’enregistrement, les déplacements… alors que de très grandes écuries du sud de la France rivalisent avec mon petit élevage. Mais ce n’est pas rien de terminer sa dernière boucle de 25 km à 28 km/h de moyenne. Je ne sais pas si je verrai une autre épreuve d’endurance comme celle-là !
Je suis fier de cette réussite pour la Bretagne, et pour St-Hernin. Ici, il y a toujours eu des chevaux. Moi, le fils de paysan, je parcours chaque jour avec mon sac à dos les chemins creux de la région pendant des heures à cheval. Aujourd’hui, c’est mon rêve d’enfant qui s’est accompli…»