«Il a quel âge votre chien?»
La question du vétérinaire en posant son stéthoscope sur le poitrail de Bullet est routinière, mais lorsqu’il entend que ce chien, un beau golden retriever, a 13 ans, il ne donne pas beaucoup d’espoir à Mme Pam Sica, la propriétaire qui attend avec impatience le diagnostic.«Je n’aime pas ce que j’entends, dit-il simplement. Il faudra lui faire un électrocardiogramme et une analyse sanguine.»
Finalement, on découvre une tumeur au foie. Pour le vétérinaire, l’animal est condamné. «Si nous ne l’opérons pas rapidement, Bullet va mourir, déclare-t-il. Le coût de l’opération avec tous les examens et soins postopératoires sera élevé. Je sais ce que Bullet représente pour vous, mais l’espérance de vie d’un golden retriever se situe entre dix et treize ans. Pourquoi ne rentrez-vous pas chez vous pour bien réfléchir à ce que vous voulez faire?»
«Qu’importe la dépense, il faut tout essayer!»
Sur le chemin du retour, Madame Sica rencontre une voisine et lui fait part de son dilemme.
«Pam, dit celle-ci, Bullet a eu une belle vie. Laisse-le s’en aller.»
«Je ne peux pas, répond à son tour la propriétaire du chien. Bullet fait partie de ma famille.»
En effet, elle se souvient trop bien de ce jour où elle a trouvé un panier posé devant sa porte: un joli petit chiot qui remuait la queue, un compagnon qui allait se trouver à ses côtés tout au long des années dans les jours faciles et moins faciles.
Parmi les épreuves, l’une a été particulièrement difficile à surmonter pour elle aussi bien que pour son mari. A chaque grossesse, elle n’arrivait pas à garder son bébé plus de deux mois. Alors, Bullet devenait encore plus précieux par sa présence et sa gentillesse.
C’est vrai qu’il avait vécu une belle vie, c’est vrai que pour un chien de sa race, treize ans était déjà une longue existence, mais pour Pam, c’était tout simplement impossible de prendre la décision de l’euthanasier.
«Bullet m’a aidé à traverser les moments les plus difficiles de ma vie, dit-elle à son mari, maintenant il faut que je l’aide.»
Ainsi, la décision est prise. Qu’importe la dépense, il faut tout essayer! Elle n’hésite pas à contracter un emprunt de 5000 dollars pour faire face aux frais.
L’intervention se passe bien. C’est une grande réussite. Au bout de quelques semaines, le chien retrouve tout son allant et sa joie de vivre, même s’il court un peu moins vite. L’été suivant l’intervention, une autre bonne nouvelle s’annonce: Madame Sica, alors âgée de plus de 40 ans, se trouve enceinte et peut, pour la première fois, garder son bébé jusqu’au terme. Cela fait dix ans que les époux attendent cet enfant.
Soudain, Bullet se déchaîne!
Ainsi, le 10 avril 2002, elle donne naissance à un beau petit garçon, à qui ils donnent le nom de Troy Joseph.
Ils ont bien préparé Bullet pour la venue du bébé dans le foyer, et dès le début, le chien non seulement accepte ce nouveau membre de la famille, mais comprend qu’il a un rôle à jouer en l’entourant, en le surveillant. La nuit, il dort désormais au pied du lit de Troy Joseph.
Puis, le premier mai, tôt le matin, Bullet se met soudain à aboyer de façon frénétique. C’est totalement inhabituel. Pam vient juste de changer les couches du bébé et l’a déposé momentanément sur le lit des parents en attendant de préparer un biberon dans la cuisine. Son mari se prépare pour aller au travail.
Rien ne peut calmer le chien. Il ne demande pas à sortir, il ne réclame pas à manger… mais il ne cesse de courir, en aboyant, entre la chambre où se trouve le bébé et la cuisine où sa mère est en train de préparer un biberon. Et lorsque, au lieu de le suivre, Mme Sica se dirige vers la salle de bains pour dire quelques mots à son mari, Bullet devient comme fou. A la fin, un peu agacée même, Mme Sica le suit jusqu’à la chambre pour voir ce qui se passe. Avant même d’entrer dans la pièce, en entrevoyant son bébé à la lumière d’une veilleuse de nuit, elle réalise immédiatement qu’un drame est en train de se jouer.
«Vous avez de la chance d’avoir découvert l’état de votre bébé à temps»
La tête du petit est rejetée en arrière dans une drôle de position, et de sa gorge sort un bruit bizarre, une sorte de gargouillis. Se précipitant dans la chambre, elle le prend dans ses bras et découvre alors que son teint est bleuâtre et qu’il est tout mou. Il ne respire plus.
Appelant son mari, elle se précipite sur le téléphone, compose le numéro des appels de détresse, le 911. Entre-temps, son mari, se souvenant d’une vidéo qu’il a vue pendant ses études sur des gestes d’urgence, tente une réanimation cardio-respiratoire, en alternant du bouche à bouche et de légères compressions thoraciques jusqu’à l’arrivée de l’ambulance.
L’équipe de secours prend le relais mais se heurte à un problème de taille: la tête de l’enfant est trop petite pour le masque à oxygène. Néanmoins, en dirigeant vers la bouche et le nez du bébé le flux de gaz, ils réussissent à le ranimer avant de l’évacuer rapidement vers l’hôpital de Patchogue, État de New York, où il doit être réanimé une deuxième fois avant de rester pendant 16 jours en soins intensifs dans le service de pédiatrie.
Après de nombreux examens et divers tests, les médecins arrivent à la conclusion que c’est une double pneumonie aggravée par un problème cardiaque annexe qui a failli coûter la vie à l’enfant.
«Vous avez de la chance d’avoir découvert l’état de votre bébé à temps, conclut le docteur Paolo Coppola, responsable du service des urgences de l’hôpital. S’il avait été laissé seul plus longtemps, il n’aurait sans doute pas survécu.» Le petit Troy Joseph s’est bien rétabli, même s’il doit être suivi régulièrement sur le plan médical.
(Histoire authentique présentée par A.A, en collaboration avec C.A.)