«Vous avez de la chance d’être encore en vie…» Avec ces mots résonnant dans ses oreilles, Maria, une veuve âgée, quitte l’hôpital.Mais sa joie est loin d’être au rendez-vous. Bien sûr qu’elle est reconnaissante d’être toujours en vie, mais elle sait que désormais, son existence sera difficile.
Touchée par une balle lors d’une fusillade
Tout bascule dans la vie de cette femme de 70 ans, lorsqu’un jour une fusillade éclate juste devant la modeste maison où elle habite toute seule dans un quartier délabré de la ville de Deerfield, en Floride. Ce jour-là, elle travaille dans son jardin. C’est une de ses occupations préférées.
Maria est une femme d’une grande douceur, chaleureuse, rayonnante d’une joie de vivre paisible. Elle a appris à goûter des petites joies simples que la vie lui offre, même si sur le plan financier, elle a des ressources limitées. Mais ce jour-là, des coups de feu éclatent juste devant elle dans la rue, et soudain, elle ressent une douleur aiguë à la jambe. Une balle l’a touchée et s’est logée dans sa cuisse.
Criant de douleur, elle s’effondre sur le trottoir, et c’est là qu’une heure plus tard, le facteur la retrouve. Elle saigne abondamment, mais transportée à l’hôpital à temps, elle est sauvée et se rétablit doucement. C’est lorsqu’elle quitte l’hôpital que le médecin lui dit qu’elle a de la chance d’être encore en vie.
Mais si, sur le plan physique, cette vieille dame se remet petit à petit de sa blessure, elle a perdu le goût de vivre et reste maintenant triste et soucieuse. Elle marche avec une canne, et chaque pas est douloureux, le moindre petit effort, comme aller chercher son courrier, devient difficile.
Et sur le plan financier, elle a maintenant du mal à faire face, les frais médicaux grevant sérieusement son budget.
Désormais la peur l’habite
Mais ce qui est peut-être pire que la douleur physique, c’est la peur qui désormais l’habite. Sans être une très grande ville, Deerfield a quand même près de 80000 habitants, et Maria ne peut que constater que le climat de son quartier s’est détérioré. Elle ne se considère plus en sécurité. Elle se sent terriblement seule et a peur de sortir, même dans la journée.
«Je me sens vaincue, raconte-t-elle à Vera, une amie de longue date qui essaie de l’aider. Je ne suis qu’une vieille femme qui n’a rien à faire et nulle part où aller.»
Et c’est vrai que Vera ne reconnaît plus son amie, autrefois si rayonnante. Quand elle vient la voir, elle voit que les rideaux restent toujours tirés comme si elle ne voulait plus avoir de contact avec le monde extérieur. Son visage, jadis souriant, reste triste et paraît amaigri.
Vera s’inquiète. Et un jour, alors qu’elle doit la conduire à l’hôpital pour un examen, comme elles sont un peu en avance, elle lui propose de faire un détour par des petites routes pour essayer de lui faire penser à autre chose. Et c’est là que, soudain, Maria voit un petit chat noir et blanc traverser la rue, se faufilant entre les voitures. Et l’accident est inévitable. Le chat est heurté par trois voitures et gît immobile dans l’herbe, sur le bas-côté de la route. Les voitures ralentissent mais personne ne s’arrête pour porter secours à l’animal blessé.
«Il faut sauver ce petit chat», s’exclame Maria. Elle demande à son amie de s’arrêter, et comme elle ne peut pas elle-même lui porter secours, c’est Véra qui se dirige vers le chaton qui est toujours vivant mais qui semble grièvement blessé.
Elle l’enveloppe dans un vêtement et le dépose délicatement sur la banquette à côté de son amie qui lui parle doucement.
Puis, elles continuent leur chemin tout en cherchant un cabinet vétérinaire qui veuille bien s’en occuper. Elles se présentent dans une première officine et expliquent à la réceptionniste dans quelles circonstances elles ont trouvé le chat.
«Ensemble nous avons trouvé une nouvelle vie»
«Désolée, répond celle-ci, nous ne pouvons accepter d’animaux errants».
Dans un deuxième cabinet, elles reçoivent la même réponse. Mais les deux amies ne baissent pas les bras et, enfin la troisième tentative est la bonne. Il s’agit d’une véritable clinique pour animaux, et elles ont la chance d’être accueillies par une vétérinaire très aimable, Dr Susan Shanahan, qui tout de suite accepte de voir le chat blessé. Après l’avoir profondément examiné, consciente de la gravité des blessures, elle se tourne vers les deux dames.
«Ce petit animal a de la chance d’être encore en vie, dit-elle. Sans vous, il n’aurait pas survécu».
Puis, prenant Maria à part, elle lui explique : « Les blessures du chat sont très importantes. Il a été touché grièvement à la tête, ses pattes sont en bouillie et sa clavicule fêlée. Il lui faudra des soins nombreux et très coûteux. Déjà la première facture aujourd’hui s’élèvera à 400 dollars au moins.
Maria sursaute. Elle sait qu’elle est incapable de payer une telle somme. Pourtant, elle saisit son sac, sort un vieux porte-monnaie et donne à la vétérinaire tout ce qui lui reste: la modeste somme de 50 dollars.
«C’est tout ce que j’ai pour l’instant, dit-elle, mais je vous promets que je vous paierai le reste plus tard. S’il vous plaît, n’euthanasiez pas le chat. Je l’emmènerai chez moi. Nous avons besoin l’un de l’autre.»
Le Dr Shanahan n’est pas dupe. Elle a compris que la dame en face d’elle n’a pas les moyens de payer, mais elle a aussi compris combien la guérison de ce petit chat est importante pour elle.
Alors, prenant les deux mains de Maria, elle lui dit:
«Je pourrais me faire réprimander par mon patron pour ceci. Je ne devrais pas soigner ce chat. Mais ne vous inquiétez pas, je paierai tout de ma poche.»
Le chat doit rester à la clinique pendant tout le temps des soins. Et chaque jour, Maria vient le voir, le caressant et lui parlant avec sa voix douce, tissant chaque jours des liens plus forts.
Et quand arrive le moment où elle peut enfin l’emmener à la maison, elle est rayonnante, comme elle ne l’a plus été depuis la fusillade qui avait si profondément gâché sa joie de vivre.
«Comment allez-vous l’appeler?» demande le Dr Shanahan au moment de se séparer.
Serrant le chat dans ses bras, Maria répond d’une voix remplie de joie: «Je vais l’appeler Lucky (chanceux) parce qu’ensemble nous avons trouvé une nouvelle vie.»