Ce père de famille se souviendra longtemps et sans doute avec beaucoup de tristesse de cette journée au cours de laquelle il s’apprêtait à partager un repas avec toute sa famille dans une crêperie.

Après qu’ils se furent attablés, le père passa commande auprès du serveur puis sortit discrètement un petit appareil lui permettant de broyer les aliments. En effet, l’un de ses enfants est autiste et ne peut manger autrement.

Pendant qu’il préparait le petit broyeur, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsqu’il se fit interpeller de façon désobligeante par l’une des personnes de l’établissement. Celle-ci lui demanda alors ce qu’il faisait ainsi. Le père, très certainement gêné, lui expliqua tout simplement les raisons qui le conduisaient à manipuler cet appareil.

Mais ne voulant rien entendre, l’homme intima l’ordre de cesser immédiatement ce qu’il faisait ou alors de quitter l’établissement… ce que finirent par faire le père et sa famille, choqués par ce qu’ils venaient de vivre.

«Il faut ouvrir un nouveau chapitre permettant à la société de porter un regard bienveillant sur tous ceux qui ont un handicap invisible», déclarait récemment et avec raison Etienne Pot, délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du neuro-développement, dans le cadre de la journée mondiale de l’autisme.

Malgré le courageux engagement de plusieurs en ce domaine, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que ces bonnes intentions soient adoptées et mises en pratique par chacun au quotidien.

Si on peut espérer que de tels agissements ne soient qu’un cas isolé, on ne peut se satisfaire de simplement s’en indigner et les désapprouver sans que soit traitée la cause qui les a provoqués.

Car comme le disait saint Augustin avec justesse:

« A force de tout voir on finit par tout supporter… A force de tout supporter on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer on finit par tout accepter… A force de tout accepter on finit par tout approuver! »

J.G.