«En France, nous avons vraiment –et j’emploierais un mot très violent– une véritable «mafia» d’un certain milieu politique. Tous formés pareillement, avec des origines sociales similaires, extrêmement parisiennes, très très loin de la France, disons, rurale… ils cultivent un mépris pour ce qui n’est pas Paris (éventuellement associé à Lyon, Marseille, Lille…) et continuent aussi à avoir vraiment ce regard sexiste…»

Tout empreinte de sobre élégance et de courtoisie naturelle, madame Tanguy nous a ouvert les portes de la demeure familiale et du jardin secret de sa vie politique…

Cette femme d’idées et d’action livre sa pensée sans artifice.

Dès les premières intonations, l’on perçoit la détermination qui l’a menée tout au long de ce parcours d’engagements…

Ses convictions sont profondes et assumées, mais l’évocation de certains souvenirs ou quelques bonnes réparties lui font régulièrement émailler son propos vivant et parfois inattendu, de petits éclats de rire joyeux et communicatifs… L’âpreté des combats menés n’a pas entamé l’enthousiasme ni le dynamisme de cette Bretonne septuagénaire…

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Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

«Ce n’est pas un secret, le fait que je suis une femme d’abord! Une femme qui est mère de famille et grand-mère désormais. Une femme qui a eu un parcours politique avec, somme toute, des responsabilités importantes, mais pour lequel je n’étais absolument pas préparée… Il m’a apporté beaucoup de satisfaction et je ressens profondément l’honneur que les compatriotes m’ont apporté en m’élisant sur divers mandats en diverses élections.

Je suis maintenant arrivée à l’âge de la retraite et je n’ai donc plus d’activités concrètes en politique bien que je reste globalement dans la vie politique, puisque je suis vice-présidente du groupe des anciens députés.

Ce groupe réunit de façon trans-politique plus de 700 anciens députés parmi lesquels de nombreux anciens ministres et diverses personnalités françaises. Soit la moitié des anciens députés vivant encore en France. Ceux qui n’y sont pas, souvent beaucoup plus jeunes, ont repris une activité professionnelle qui fait qu’ils ne sont pas dans l’esprit de notre association et d’autres au contraire se trouvent bien trop âgés…

Cette activité me donne aujourd’hui la chance d’être encore dans un cadre de politique générale intéressant. Détachée de la «chose concrète», de l’actualité immédiate, elle offre la possibilité de débattre avec des gens qui ont eu un parcours similaire au nôtre, avec notamment l’expérience de plusieurs mandats différents.

Je suis contre le fait que l’on ne puisse pas cumuler deux mandats: je trouve que tous mes collègues qui ont effectué un ou plusieurs mandats locaux ont une vision très concrète à la fois des Français et de la vie quotidienne dans les communes qui donne un regard très différent sur la politique nationale, par rapport à ceux qui n’ont pas eu cette chance…»

Vous avez répondu à de nombreuses questions et interviews…

Que ressentez-vous quand se présente une nouvelle sollicitation ?

Avez-vous la crainte de voir vos pensées déformées… cela vous est-il arrivé souvent ?

«J’ai souvent été interviewée sur les dossiers que je défendais mais assez peu sur moi-même ou mon parcours… Il y a un certain temps cependant, un journaliste qui réunissait les portraits de maires emblématiques pour les présenter dans un ouvrage, avait souhaité me rencontrer pour que j’y figure… Ce choix m’avait étonnée, mais aussi honorée!

Mais l’inquiétude que vous évoquez existe effectivement. Et j’ai fréquemment été déçue de constater dans la presse que les idées que vous vouliez partager, saisissant l’occasion de discours lors d’un événement par exemple, n’avaient pas été retenues… Seul apparaissait «l’épiphénomène des choses» un peu extérieur ou secondaire. Le «profond» de la pensée ne ressortait pas, le message que vous vouliez transmettre n’était pas passé, ce qui est très décevant!»

Qu’est-ce qui vous a poussée à vous engager dans la politique ? Vous avez entamé votre premier mandat la quarantaine passée; était-ce la suite logique d’un «parcours politique» engagé, ou un engagement nouveau pour vous ?

«Quand je suis entrée dans le monde politique, je n’étais pas du tout engagée politiquement. Il a fallu un déclic! Et ce déclic a été l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, parce que dans son programme figurait quelque chose que je ne pouvais pas accepter!

J’étais une jeune maman et je ne pouvais pas admettre l’idée d’un service laïque et unifié de l’enseignement. Par conviction personnelle, j’avais choisi l’enseignement catholique breton pour m’aider à élever mes enfants.

A travers un régime d’éducation unique en France, on allait formater les esprits et faire disparaître le réseau de l’enseignement catholique! Impensable, surtout en Bretagne; dans d’autres régions de France la problématique ne s’est jamais posée ainsi…

Je me suis immédiatement engagée au sein de la petite école où mes enfants étaient scolarisés en maternelle et je suis devenue présidente de l’association des parents d’élèves.

Le directeur diocésain de l’époque, François Kerdoncuff, qui était un homme tout à fait exceptionnel, a mobilisé «les troupes». Le Finistère était l’un des départements les plus concernés de France. J’ai accompagné la directrice de l’école à cette première grande réunion qui se tenait à Quimper pour organiser la mobilisation.

Or il se trouve qu’avant de me marier, j’avais créé à Nantes le service de relations publiques et communication de la Chambre régionale de commerce des pays de la Loire, ce qui m’avait permis d’avoir un portefeuille de cartes de visite assez important… Quand il s’est agi de trouver la personne qui, au sein de cette assemblée, accepterait de s’occuper des relations de presse, après avoir attendu que d’autres lèvent la main, j’ai fini par me proposer.

Je me suis ainsi retrouvée responsable de toutes les relations de presse, y compris celles de la première manifestation de défense de l’enseignement catholique qui a eu lieu à Rennes en 1983.

Pas moins de 101 journalistes sont venus couvrir la manifestation, et certains de l’étranger…

Avec ces « pôles-presse » que j’avais organisés, ma réputation a vite été faite et l’on m’a confié des responsabilités régionales. Je suis devenue vice-présidente du Comité académique de l’Enseignement catholique et «repérée» en quelque sorte!

C’est donc par le monde associatif et mon engagement dans ce domaine que j’ai démarré la politique.

L’enseignement catholique qui a un siège au CESER (Conseil économique, social et environnemental régional) a pensé que pour l’y défendre et parler en son nom, mieux valait quelqu’un qui connaisse les médias et la communication. A la surprise des chefs d’établissement et autres personnalités, c’est moi, simple parent d’élèves qui ai été choisie pour représenter l’Enseignement libre des quatre départements bretons au CESER.

J’ai ainsi commencé à me faire connaître.

Au Nivot, pas très loin de Carhaix, j’ai organisé un grand colloque sur l’importance de l’école primaire dans le monde rural: « Mon école c’est de l’or pour ma commune. » Un certain nombre d’hommes politiques étaient présents… Un peu plus tard, le Président Yvon Bourges, qui avait repéré mon action depuis sept ans au CESER, m’a suggéré de venir le rejoindre au Conseil Régional. Charles Miossec, mon premier parrain en politique, m’a soutenue et, placée sur la liste de l’alliance RPR-UDF, je suis devenue conseiller régional…»

Dans les débats et les concurrences qui agitent le monde politique, est-ce un avantage ou un handicap d’être une femme ?

«A l’époque où je me suis lancée en politique, le fait d’être une femme était certainement un atout. être repérée d’une part et savoir saisir les opportunités renforçaient notre candidature.

Pour ma part, il y a peut-être eu un gène qui a aussi joué et qui ne manque pas de m’amuser: ma grand-mère maternelle, dont le portrait est au mur, a été tête de liste lors des premières élections auxquelles les femmes ont eu le droit de voter. Elle s’était présentée à Beuzec-Conq, entité importante de la partie rurale de Concarneau dont elle fait maintenant partie. Avec son mari, elle y avait également créé une entreprise…

A l’Assemblée aujourd’hui, il y a l’obligation de parité qui n’a pas toujours été pour moi une totale nécessité… J’ai toujours trouvé regrettable que l’on aille chercher des femmes uniquement pour une question de quota de chiffres.

Quand je suis devenue maire dans une commune où les hommes sont pris professionnellement, en mer pour beaucoup, ma première liste municipale était à parité, voire peut-être avec plus de femmes. En tout cas, au bureau municipal, j’avais plus d’adjointes que d’adjoints, tout simplement parce que c’était naturel, ce n’était pas une obligation… Le côté obligatoire ne m’a jamais séduite. Peut-être fallait-il passer par là pour aider des femmes à émerger et leur donner confiance?

En tout cas à l’Assemblée nationale, actuellement, le nombre de femmes en pourcentage a diminué par rapport à ce qu’il fut il y a quelque temps…

Mon avis sur la question reste donc assez mitigé…»

On parle beaucoup de «sexisme», qu’en est-il en politique,

et comment cela s’aborde-t-il et se vit-il dans le milieu de la pêche, et plus particulièrement sur les bateaux ?

«Je pense qu’il y a moins de sexisme dans la pêche qu’il y en a en politique, où on le ressent toujours au niveau national.

Étant donné ma responsabilité actuelle, même si je n’y ai plus de rôle politique effectif, je suis encore souvent dans les couloirs de l’Assemblée Nationale et je vois bien que les hommes continuent quand même à se sentir quelque part supérieurs! Mais je dirais, surtout les hommes d’un certain milieu parisien au sens large. En France, nous avons vraiment –et j’emploierais un mot très violent– une véritable «mafia» d’un certain milieu politique. Tous formés pareillement, avec des origines sociales similaires, extrêmement parisiennes, très très loin de la France, disons, rurale… ils cultivent un mépris pour ce qui n’est pas Paris (éventuellement associé à Lyon, Marseille, Lille…) et continuent aussi à avoir vraiment ce regard sexiste…

En revanche, il n’en est pas de même dans le monde de la pêche. Si les femmes sont rares sur les bateaux, c’est que le métier est très difficile et que, les hommes et les femmes ont beau être égaux, ils n’ont pas la même force physique! On peut être égaux avec des compétences différentes! N’oublions pas que les marins ont toujours confié la vie de la famille, la vie de l’entreprise, à celle qui était la meilleure collaboratrice, à savoir leur femme!

Lorsque j’ai été élue maire, je n’ai jamais senti d’hostilité sur le fait que j’étais une femme. Et quand j’ai voulu, sans la moindre volonté stratégique, trouver autour de moi des personnes qui pouvaient être utiles à ma commune et qui étaient disponibles (parce que pas déjà en mer), ce fut surtout des femmes et cela n’a choqué personne au Guilvinec! C’est un monde qui a saisi la complémentarité dans l’égalité…

Dans l’armement bigouden qui est au Guilvinec le plus important –présentant au moins à l’époque où j’étais responsable, une centaine de personnes–, ce fut une de mes anciennes adjointes qui en a été pendant quinze ou vingt ans le patron. Et cette femme qui avait fait une formation pourtant très différente puisqu’elle était diplômée en sociologie et philosophie fut appréciée dans le monde maritime à tous les niveaux…

Je ne crois donc pas qu’il y ait de sexisme, c’est simplement une question de complémentarité!»

Conseilleriez-vous à vos enfants ou jeunes de votre parenté de s’engager dans la politique ?

Et que diriez-vous à des jeunes de vos proches qui voudraient embrasser la carrière maritime, celle de la pêche ou de la marine d’État ?

«C’est simple: j’ai trois filles dont une a déjà été maire! Le contexte un peu compliqué et le fait d’être maman de jeunes enfants ne lui ont pas rendu la tâche facile, mais cette fonction lui a malgré tout beaucoup plu et je ne serais pas étonnée qu’à l’avenir elle se retrouve à nouveau dans une équipe municipale… Une autre de mes filles, dans la région parisienne, a été très sollicitée aussi pour entrer dans l’équipe municipale. Mais elle est restée dans le monde associatif, lié à la vie municipale. Maintenant, elle vient d’arriver dans le Finistère… Qui sait?

Sur mes trois petits-enfants, j’ai aussi une petite-fille qui fait une grande école de commerce mais c’est initialement «Science Po» qu’elle voulait absolument faire!

Et vers le milieu maritime, aucun problème non plus: un de mes petit-fils, l’autre est tout jeune, a fait la préparation militaire de la Marine qui lui a tellement plu qu’il pensait poursuivre dans cette voie avant finalement d’opter pour une autre…»

La vie de famille n’est-elle pas quelque peu sacrifiée tant dans la carrière politique que dans celle de la pêche ?

«Je pense que ce sont des «modes d’emploi différents». Il y a des contraintes, il faut savoir s’organiser. Et cela dépend du conjoint également…

L’on ne prend pas les mêmes vacances: je ne suis jamais partie plus de 10 jours, ce n’était pas possible! Et je trouvais cela très bien: 8 jours c’est un peu court, 15, c’est trop long!

Les enfants doivent suivre le rythme…. Mais ce sont les enfants qu’il faudrait interroger, pas les parents!

Et je pense que mes filles, selon leur âge et leur personnalité, exprimeraient sans doute des opinions quelque peu différentes…

Cela leur donne par contre des moments très intenses, s’ils veulent bien y participer. Je me souviens de mon élection à la mairie du Guilvinec où mes filles, pourtant déjà grandes adolescentes, sautaient de joie sur les tables!

Moments extrêmement forts aussi, dans ma vie mais également dans celle de la famille présente, lorsque j’ai eu le privilège de recevoir à deux reprises à l’Élysée, mes insignes: Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite des mains de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy.»

Conseillère régionale, maire, députée… vous avez exercé des mandats aux différents échelons politiques bretons. Quel mandat avez-vous préféré, et de quoi êtes vous la plus fière ?

«Le mandat que j’ai préféré, incontestablement, c’est celui de maire! Parce que j’étais le patron!

Il faut dire les choses comme elles sont! Quand on a la possibilité de monter des projets, les discuter avec son équipe, les amender, les corriger ensemble, les défendre et les voir réussir, c’est quand même une chance extraordinaire!

Pour moi, tel que je l’ai vécu, le mandat le plus passionnant a été celui de maire. Celui que j’ai ressenti comme un très grand honneur, c’est celui de député. Parce que là, nous sommes appelés à représenter une partie du territoire, à porter les attentes des concitoyens que nous avons autour de nous, et à participer ensuite à des enjeux de politique nationale avec même des conséquences internationales… C’est une mission, une responsabilité et un devoir qui sont extrêmement importants.

Enfin, le mandat de conseiller régional est quant à lui le plus formateur. C’est une véritable école de formation! Il s’y trouve des équipes de cadres extrêmement formés qui préparent et présentent les dossiers, ce qui nous permet d’échanger sur la base de documents sérieux.

A l’époque où j’y suis arrivée, je pense qu’à 80%, les conseillers régionaux étaient maires. Et si je me suis présentée à la mairie du Guilvinec, c’est parce que j’avais autour de moi des gens qui étaient maires, passionnés par leurs responsabilités de maire, porteurs de beaucoup d’idées, de projets que je trouvais enthousiasmants! Ce sont eux, comme Adrien Kervella de St Pol-de-Léon, qui m’ont donné l’idée de devenir maire à mon tour et qui m’ont ensuite formée, conseillée sur la manière de gérer une équipe, de développer la commune…

Pendant les 18 années passées au Conseil régional, j’ai travaillé sur le tourisme et j’ai eu la charge du réseau de tous les lycées bretons. Ce qui m’a amenée à Carhaix notamment pour les dossiers de la modernisation et l’extension du lycée public et l’émergence du lycée Diwan à Kérampuilh.»

Vice-présidente des lycées au Conseil régional, vous vous êtes beaucoup impliquée dans le domaine de la formation et de l’enseignement… Avez-vous un avis sur le système éducatif français ?

«Il est vrai que je me suis dans un premier temps beaucoup intéressée aux questions relatives à la formation et à l’enseignement. Dans un second temps, mon ancrage guilviniste et mon engagement local ont fait que je me suis davantage orientée sur les dossiers maritimes. Et j’ai d’ailleurs activement travaillé à la réforme du réseau de la formation maritime en Bretagne…

Ayant personnellement très peu enseigné, c’est davantage un regard d’élue que je porte sur la question. Mais force est de constater que, pour que la France retrouve une sorte d’équilibre, de puissance et reprenne ses fondamentaux, il y a deux secteurs pour lesquels un investissement considérable est à faire: ce sont l’école et l’hôpital, ou plutôt la santé en général.

Pour l’école, je pense que l’on a tout simplement oublié ce qu’était une certaine forme d’éducation, de rigueur… Un jeune n’est pas naturellement travailleur, n’a pas envie qu’on lui dise parfois non! Et pourtant, c’est cela l’éducation! Si on veut en faire un être humain, bien droit dans ses bottes, quel que soit son avenir, ses choix, etc., il faut qu’il sache qu’existent des cadres, des disciplines, des règlements… Et cela a largement été abandonné.

Par ailleurs, la recherche de diplômes artificiels n’a pas de sens, d’autant plus que l’on voit bien que cette course aux diplômes, n’a pas de réalité tangible sur la vie du travail. Il vaudrait mieux réapprendre l’importance, la qualité du travail.

Tout travail bien vécu quel qu’il soit, est un travail qui apporte énormément à la personne qui le fait. Et c’est quelque chose qui n’est pas véhiculé dans les écoles.

Je pense qu’il y a vraiment un gros travail à faire au niveau de l’éducation avec un grand E à travers l’école, bien que l’on ne puisse pas demander aux enseignants de faire ce que les parents ne font pas… Si l’enseignant est seul à porter ce message, il n’y arrivera pas! Parents, société, école, c’est un tout.»

Le rôle du maire, notamment peut-être dans les petites communes, est réputé ingrat et difficile, au point que de plus en plus de communes éprouvent des difficultés à trouver des candidats. Quel est votre regard sur cette situation ?

«Je pense que le fait que les candidats sont de moins en moins nombreux, tient à un phénomène de société d’abord: une évolution individualiste très importante, que l’on pourrait même qualifier d’une forme d’égoïsme pour aller plus loin que le mot individualisme. C’est la première et vraie raison.

La seconde s’explique par la perte de pouvoir de la mairie au profit de la communauté de communes. En tant qu’élue, si je n’avais pas eu par exemple, la capacité d’avoir ma propre signature sur l’urbanisme de ma commune, cela ne m’aurait pas intéressée d’être maire! Or l’urbanisme est actuellement de plus en plus traité de façon communautaire…

Mais je continue cependant à penser que, quand on peut garder suffisamment d’autonomie pour mener à bien des projets, la mairie reste l’endroit où il est le plus passionnant de s’engager!

La commune est l’instance préférée des Français, et pour cause. Ils ont besoin d’élus qui soient des êtres en chair et en os. Qu’ils peuvent aller voir, avec qui ils peuvent discuter… Plus on éloigne la décision du citoyen, plus on fragilise le piédestal de la structure politique. Et si les élus politiques actuellement ont une image si négative, et je le regrette énormément, c’est une des raisons…

On retire de plus en plus de pouvoir à l’élu proche du citoyen…

Et je reconnais que j’ai eu la chance d’être maire avant que ce phénomène s’amplifie.

Les médias préfèrent toujours noter les échecs et non les réussites du travail d’un maire, ce qui nuit à l’image de celui qui pourtant sacrifie beaucoup de sa vie privée au service des autres.»

Vous avez été durant 18 ans maire du Guilvinec. Bien que petite, cette commune est très connue… Pourquoi cette renommée ? Et a-t-elle une influence sur le tourisme et l’économie locale ?

«Le Guilvinec est connu parce que le port de pêche est important. La commune elle-même est très petite en surface et compte moins de 3000 habitants. Mais son agglomération est plus grande, car elle vit profondément avec sa commune sœur Tréffiagat-Léchiagat, voire une partie de Plomeur et de Penmarc’h, ce qui fait que l’ensemble urbain autour du port du Guilvinec représente plutôt 7000 à 8000 habitants…

Lorsque j’étais maire, pour bien faire comprendre la situation à mes collègues députés, je disais souvent que j’avais autant d’emplois liés à la pêche que d’habitants dans la commune. C’est l’activité économique du port du Guilvinec qui en a fait la renommée.

La commune elle-même n’a pas de raison d’être sans cette activité et elle le doit depuis l’origine puisque qu’elle a été créée par les enfants des fermes de Plomeur qui n’étant pas les aînés, n’avaient pas hérité de la ferme et étaient obligés d’aller trouver ailleurs de quoi vivre… Dans la seconde moitié du 19e siècle, ils sont partis chercher leurs moyens d’existence avec les premières barques et petits bateaux…

Une partie de la commune de Plomeur est alors devenue Le Guilvinec, petite commune autonome. Elle a donc a été voulue, créée par des marins et elle a été développée par des marins. C’est simple: Le Guilvinec, c’est la pêche!

Son tourisme même ne peut être qu’à coloration halieutique… Si vous recherchez le golf, la plage, etc., ce n’est pas là qu’il faut venir, cette offre est très bien proposée ailleurs. Et je pense que son tourisme spécifique «coloré pêche», n’est qu’un élément dans un ensemble touristique qu’est la Cornouaille.»

Quel avenir voyez-vous pour Le Guilvinec ?

«Je continue à penser que c’est par la pêche… Il y aura effectivement des évolutions certainement importantes à ce niveau, mais structurellement le port du Guilvinec a une criée qui a été et est encore une des premières de France, parce qu’il était un des ports les plus adaptés pour y arriver avec un bateau. Depuis ses initiateurs, Le Guilvinec a un rôle de chef de file dans le domaine de la pêche.

Il se trouve par contre un peu loin… pour le transport du poisson, par rapport à Lorient par exemple, qui semble se développer davantage qu’il y a une vingtaine d’années. Une heure de route de plus…

Je regrette, comme j’ai eu l’occasion de le dire depuis quasiment 30 ans, que l’on n’ait jamais suffisamment développé au Guilvinec la transformation du poisson. Il y en a bien sûr eu autrefois avec la conserve. Et c’était une excellente idée à l’époque où la conserve était LE moyen de transformation. Mais le poisson du Guilvinec est un poisson noble en général. Il n’est donc pas question de transformer en bouillie, pâté ou rillettes, du bar ou du turbot!

Il se fait cependant des transformations: la ménagère parisienne ne sait pas utiliser un poisson entier, il faut avoir la capacité de le présenter de façon à être plus au goût de la gastronomie actuelle. Et je constate que cela se fait ailleurs. Localement, nous n’avons pas eu assez de porteurs de projets, sans doute pas assez d’aides accordées, de moyens… Pourtant, beaucoup d’actions peuvent se concevoir!

Prenons l’exemple de la lotte: Le Guilvinec est le premier port français pour ce poisson! Elle se vend en queues, en filets, fumée, ses joues sont prisées, au-delà de l’alimentaire, son cartilage sert en cosmétique, etc. Ces co-produits partent pour être transformés ailleurs. Nous aurions pu créer cela plus près du lieu de débarque!

Car si la distance est un frein, il paraît quand même plus logique de payer le coût du transport d’un produit transformé plutôt que non encore transformé…

Il y a là tout un domaine de développement économique à imaginer…

Par ailleurs, l’avenir de la pêche passera aussi, on le sait bien, par une évolution des bateaux en matière d’énergie…»

En 2007 vous avez été chargée par le ministère de l’Écologie et du Développement durable de M. Borloo et le ministère de l’Agriculture et de la pêche de M. Barnier d’une mission d’analyse et de réflexion sur le développement de l’aquaculture française. Pourquoi avez-vous été sollicitée et qu’est-il ressorti de votre étude ?

«J’avais précédemment fait un rapport sur l’avenir de la pêche française qui m’avait amenée à aller bien sûr sur tous les lieux importants de la pêche métropolitaine, mais aussi dans les territoires d’outre-mer. Ce rapport avait été jugé suffisamment pertinent pour être publié et, à part les chiffres qui évoluent, il continue dans ses grandes lignes directrices à être d’actualité. Ce que je viens d’aborder sur la nécessité de valorisation s’y trouve bien sûr.

A l’époque, la problématique se posait sur le poids du coût de l’énergie par rapport au prix du poisson et il s’était alors avéré, étude faite, qu’avec 1€ de plus de prix de vente du poisson sur les étals –ce qui était à la fois beaucoup mais pas trop– on résolvait les problèmes de la pêche française en termes d’équilibre. Et cet euro peut se trouver dans la valorisation…

Par la suite, Michel Barnier, alors ministre de l’agriculture et de la pêche, m’a demandé d’en faire un volet complémentaire concernant l’aquaculture.

J’avais alors eu quelques craintes que les marins pêcheurs aient l’impression que je trahissais le poisson sauvage, qui reste pour moi de beaucoup le meilleur!

Mais il n’empêche que l’aquaculture est une nécessité alimentaire, puisque le poisson est un produit important pour la qualité de notre alimentation. Et il est dommage qu’en France nous ayons peu développé l’aquaculture. Nous avons bien l’esturgeon avec la production d’un excellent caviar, mais la dorade, c’est la Grèce, le saumon, c’est l’Écosse et l’Irlande…

Il existe quelques expérimentations très intéressantes sur la Méditerranée. Par ailleurs, la Bretagne se distingue en conchyliculture, mais en aquaculture-poisson nous pourrions faire beaucoup plus. Avec des normes environnementales bien cadrées à cause des conséquences sur l’environnement… En attendant, ce sont d’autres pays qui ferment un peu plus les yeux sur cet aspect, qui nous inondent de leurs produits…

Prenons aussi l’exemple du poisson fumé. Je connais trois ou quatre ateliers où les artisans proposent des produits d’excellence, mais cela reste très marginal! Pourquoi ne pas se lancer dans ce type de produits délicieux qui apporterait une plus-value énorme. Le merlu qui peut se vendre 5€ le kilo, ne se vendrait plus à ce prix-là s’il s’en trouvait vendu en tranches fumées à la grande épicerie à Paris!»

Agriculture et pêche françaises… Sont-ce les mêmes combats, mêmes problématiques et mêmes difficultés à trouver des solutions durables pour sauver et pérenniser ces filières qui furent des fleurons français ?

«Elles sont très proches en deux domaines: premièrement, la dépendance de l’Europe et deuxièmement le problème de valeur ajoutée, valeur ajoutée dans la lisibilité des produits, dans leur valorisation qualitative et dans leur valorisation en matière de transformation quand c’est possible.

L’agriculture française a bénéficié pendant très longtemps d’un soutien important de l’Europe parce qu’il y avait moins de normes, je pense, et que cela avait été un choix au départ imposé par les représentants de la France.

Au fil du temps, nous nous sommes trouvés concurrencés par les autres pays qui ont développé aussi de l’agriculture et confrontés à des contraintes, des normes pas toujours raisonnables qui pèsent de façon anormale sur la réussite de notre agriculture qui est pourtant de qualité.

Pour la pêche, c’est un peu le même problème.

En 1992, encore jeune en politique, j’ai participé à Bruxelles à deux journées de réflexion sur la vision que l’Europe avait de la Bretagne.

J’ai demandé à ces personnalités, élus et hauts fonctionnaires qui nous recevaient, quel était leur avis sur la pêche française… Il m’a été répondu avec condescendance: «Madame, vous n’imaginez quand même pas que l’on va continuer à défendre quelque chose d’aussi marginal en France? La France n’a pas besoin de la pêche pour vivre alors que l’Espagne et le Portugal en ont absolument besoin. Vous comprendrez donc que nous les privilégierons. Franchement, dites-vous que pour la France c’est du passé, cela n’existera plus très longtemps…».

J’habitais Le Guilvinec mais n’en étais pas encore maire; cette réponse a été une des raisons qui m’a le plus motivée à me présenter!»

Vous étiez députée, particulièrement sensibilisée aux questions de la pêche en 2004 lors du naufrage du Bugaled Breizh. Comment avez-vous vécu cette situation, et quelles actions avez-vous entreprises ?

«Au moment où a eu lieu le naufrage, j’étais à l’Assemblée à Paris mais je suis revenue tout de suite.

Au cœur de ce drame avec le comité local des pêches, nous avons d’abord vécu l’attente chargée d’interrogations, réalisant bien que ce qui s’était produit était profondément anormal… La brutalité de ce bateau qui sombre ainsi, sans avoir le temps de prévenir, ni d’utiliser de canot de sauvetage, m’a paru étonnante et m’a fait participer à la colère des marins.

Dès lors que l’on a su qu’il n’y avait aucun survivant, j’ai dû me battre pour que l’on sache ce qui s’était réellement passé et que cela ne se reproduise jamais plus.

La découverte de cette vérité passait par une obligation: le renflouement du bateau.

Mais comme cette opération représentait plusieurs millions d’euros, il n’a pas été aisé de convaincre ceux qui argumentaient que ce n’était pas raisonnable de dépenser une telle somme pour seulement «aller chercher un bateau au fond de l’eau». Lors d’une audience demandée auprès du Premier ministre de l’époque, j’ai exposé la situation portant la voix des marins avec suffisamment de conviction et de sensibilité, pour qu’il finisse par donner son accord…

Il n’est pas possible que des bateaux disparaissent ainsi en un clin d’œil sans pouvoir faire appel. La thèse d’une déficience du bateau étant écartée, car ils auraient eu le temps de le signaler, la piste d’un sous-marin étranger en exercice militaire à ce moment-là, s’avère la piste la plus probable…

Ce furent des moments extrêmement durs… J’ai connu un autre drame qui m’a aussi beaucoup marquée dans ma vie de maire: c’est le naufrage du Reder ar Mor quand je venais d’être élue. Cette fois, c’est un chalut qui a crocheté et fait renverser le bateau. Les quatre hommes sont morts. Je me vois encore le matin de ce jour-là, par un beau soleil et une mer d’huile, devoir annoncer aux veuves, aux mamans, qu’elles venaient de perdre leur mari ou leur enfant… C’est terrible, terrible.»

En tant que maire d’une commune littorale, l’équilibre entre la sanctuarisation des côtes et espaces naturels et la poursuite d’un développement du territoire doit être difficile à trouver ?

«Le Guilvinec a la chance de se trouver sur un sillon rocheux granitique qui écarte quasiment tous les problèmes liés à l’érosion marine et aux zones dunaires submersibles, ce qui m’a évité bien des soucis!

Dans le domaine de l’aménagement du territoire de type économique et industriel, il me paraît essentiel de se préoccuper du réemploi des zones abandonnées. Trop souvent, trop longtemps, une entreprise qui ferme, reste une friche industrielle. Il ne faut pas continuer à créer de nouvelles entreprises en laissant des friches industrielles à côté! Des moyens, y compris régionaux ont été trouvés, peut-être ne sont-ils pas assez actifs… Les coûts de dépollution compliquent sans doute financièrement les solutions… mais il faut l’assumer!

L’on continue également à développer des aides pour la construction de maisons neuves alors que tant se dégradent avant de tomber en ruine… Il faudrait proposer des aides à la rénovation de l’habitat rural (comme il en existe en milieu urbain). Pour l’esthétique de la France, de nos campagnes et la protection des terres agricoles, nous devrions avoir une véritable politique offensive sur cette réutilisation des maisons qui ne sont parfois même plus à vendre parce qu’elles ne valent plus rien ou quasiment plus rien… Elle sont parfois dans un charmant village où elles ont apporté et pourraient encore, rénovées, contribuer à l’esthétique et l’attractivité du lieu!

Mais nous en revenons au problème de la fracture de la France: l’énarque dans son bureau parisien ne connaît pas la petite maison en ruine de la campagne profonde…»

Quelles sont à vos yeux les grands enjeux des littoraux bretons pour les deux prochaines décennies ?

«Le littoral breton est essentiellement naturel. Il a été sauvegardé et est de toute beauté!

Il faut qu’il reste un lieu d’exception, porteur de richesses, par le tourisme, un tourisme intelligent…

La météo estivale ne nous aide pas toujours, mais le tourisme ne doit pas être que l’été. Il y a là des idées à travailler, mais le Comité régional du tourisme –dont je ne connais pas la version actuelle, mais il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas aussi pertinent qu’avant– a certainement les capacités de «vendre» la Bretagne toute l’année…

S’ajoute au littoral, tout l’aspect culturel si riche et qui mérite que l’on vienne en Bretagne. Les Italiens, connaisseurs de culture et de patrimoine, ne s’y trompent pas et viennent de plus en plus nombreux…

Et puis ce que l’on a effectivement par ailleurs, c’est la Marine nationale, c’est la pêche, peut-être l’aquaculture dans certains endroits, l’algoculture aussi, qu’il ne faut pas oublier, et la conchyliculture. Le littoral breton est donc vraiment sa mine d’or!»

La Bretagne est Armor et Argoat… avec des besoins et des dynamiques très différentes, mais aussi des points communs. Vous qui avez été conseillère régionale, quel regard portez-vous sur son développement ? L’intérieur des terres a-t-il été quelque peu «délaissé» au profit des côtes dans les politiques de développement et les infrastructures ?

«Je vais vous raconter une petite anecdote amusante… Quand le Conseil régional a pris de l’importance, qu’il est devenu une institution dont les pouvoirs se sont accrus –avec la décentralisation de l’enseignement suivie d’autres– et qu’il a fallu lui créer un vrai siège puisqu’il était émietté dans différents immeubles à Rennes, j’ai interpellé le président Bourges et osé proposer de reprendre l’idée de Napoléon: pourquoi ne pas choisir Pontivy pour ces millions d’investissements consacrés à ce bâtiment? Nous allions travailler sur l’harmonisation des équilibres en aménagement du territoire de la Bretagne, c’était l’occasion d’en donner la preuve!

A l’époque, au 19e siècle, créer Napoléonville comme le lieu structurant de l’ensemble de la région Bretagne, à Pontivy, n’était pas stupide!

Il faut parfois être un peu idéaliste et oser faire des propositions contre l’air du temps, même si elles font seulement rire!

Si le siège du Conseil régional et pourquoi pas, la préfecture elle-même s’étaient trouvés dans ce lieu central, cela aurait peut-être résolu bien des problèmes!

J’ai toujours soutenu mes collègues, dont Christian Ménard, quand ils défendaient la RN 164. Nous en avons tellement entendu parler, depuis l’époque de Jean Rohou, c’était le serpent de mer et elle n’est toujours pas terminée!

Mais il n’empêche, j’en reviens à ce que je viens de dire, que le littoral est l’or de la Bretagne. Il porte tellement de richesses différentes et de potentiel que même si le Centre Bretagne est un endroit magnifique, de repos, etc., il n’a pas de minerai, il n’y a plus les ardoises de Maël-Carhaix, le lac de Guerlédan est un petit joyau mais il génère peu au niveau du développement économique. L’abbaye de Bon-Repos fait ce qu’elle peut, mais elle ne devient pas le Puy-du-Fou… Les voies vertes et le canal qui sont un réel atout, notamment pour le vélo et le bateau, pourraient être mis plus en valeur. Il y a des pistes à explorer!

Carhaix n’est pas vraiment le centre de la Bretagne, il se situe plutôt vers Gouarec… Où c’est d’ailleurs plus difficile que pour Carhaix qui est en fait proche de Brest, de Quimper… On s’y rend vite! Cela ne me semble pas un territoire laissé pour compte!

Mais il faut des idées et qu’elles soient portées à la fois par le monde économique et le monde politique. Un politique ne fait rien tout seul et quelqu’un du monde économique aura besoin de soutien aussi, surtout pour des endroits où il y a plus d’efforts à faire…»

Quelles leçons retirez-vous de toutes ces années d’engagement en politique et au service des territoires ?

«La nécessité des élus! Parce qu’un élu, s’il peut garder sa capacité d’autonomie de jugement, n’est pas un fonctionnaire. Et si on enlève les élus, il n’y aura plus que des fonctionnaires. Je n’ai rien contre les fonctionnaires: ils ont souvent une compétence et un savoir que les élus n’ont pas… Mais, dans ce lien que je dirais viscéral avec les gens qui sont autour de nous, je pense que l’élu tel que je le conçois, est le meilleur porte-parole. On ne lui demande pas d’avoir fait HEC ou Polytechnique, etc., ni d’avoir la réponse technique, mais c’est lui qui va pouvoir apporter le regard de la Française, du Français sur un sujet pointu avec des propositions techniques conçues par des compétences… La décision doit relever de gens qui ont gardé cette indépendance et cette ambition de faire en sorte que la France et donc les Français –parce que la France c’est un peuple– y trouvent plus de bonheur. Que les Français soient plus heureux quel que soit l’angle par lequel on le prend, pas uniquement économique… C’est un rôle d’élu.

Alors, tout indépendant que l’on souhaite rester, l’on est bien obligé de s’organiser en fonction des convictions que l’on a pour atteindre cette volonté de donner un «plus» à une population.

Chacun a ses orientations qui tiennent à ses convictions personnelles, philosophiques, religieuses ou autres, et s’allie donc à d’autres, d’où l’existence des partis: on ne peut pas toujours tout réussir tout seul!

Comme dans mon parcours, les élus ont souvent commencé par un engagement associatif parce qu’ils avaient le désir d’entreprendre des actions avec d’autres, puis au fil du temps et des engagements, ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient apporter davantage et ont avancé…

Et je pense d’ailleurs que, même pour les plus hauts mandats, il vaudrait mieux passer par un long parcours d’engagements divers, associatifs et concrets. Je vois la vie politique plutôt comme une progression, un engagement progressif…»

Avec le recul et l’expérience que vous donne votre parcours si riche en divers domaines, si vous aviez à tout recommencer, reprendriez-vous le même chemin ?

«On ne peut jamais tout recommencer et mon parcours ne peut pas se dupliquer ni par moi, ni par d’autres…

Je pense qu’il faut retenir que, quand on a envie d’œuvrer pour les autres, il faut les aimer. Je me souviens d’un préfet qui, au moment où j’hésitais à me présenter aux municipales, m’a simplement demandé si j’aimais les gens autour de moi, mes concitoyens. Quand je lui ai répondu que oui et que je souhaitais que leur cadre de vie soit plus agréable, il m’a dit: «Eh bien alors, pourquoi hésitez-vous?»

Avoir envie d’être utile et ensuite saisir les opportunités qui se présentent, savoir dire oui au bon moment! Je suis heureuse du parcours effectué et du travail accompli!»