Quand François déclara avec conviction «qu’un scout serre les dents», sa remarque m’a frappé.
Ce petit bonhomme ne voulait pas laisser couler des larmes alors qu’il faisait face à un moment difficile, très difficile compte tenu de son très jeune âge…
Il soulignait aussi qu’il avait observé et remarqué que les scouts de son entourage réagissaient différemment d’autres enfants… et il voulait les imiter.
«Un scout serre les dents» !
Il rêvait de le devenir et déjà en lui-même et dans la vie courante, il s’y préparait.
Son attitude me rappela une réaction semblable, que j’avais connue il y de nombreuses années lors d’un grand jeu dans le cadre d’un camp scout, quand les réglementations étaient plus libérales et permettaient, avec prudence, «les jeux de nuit».
Dissimulés dans le bois, guettant «les ennemis», nous étions environnés du silence et de l’obscurité de la nuit.
Le très jeune éclaireur, qui veillait avec moi, à quelque distance de plusieurs autres, me confia soudain à voix basse:
«J’ai vaincu ma peur» !
Quelques mots qui révélaient la grande victoire que ce garçon de 11, 12 ans avait remportée sur lui-même.
Sans ostentation, sans vouloir se faire valoir, il partageait simplement ce qu’il vivait, et ce qui était pour lui une étape si importante de sa courte existence.
«J’ai vaincu ma peur» !
On pourrait sourire, ou pire, se moquer d’une telle expérience, la ramenant à une banale émotion d’enfant…
Mais si l’on réfléchit plus avant, en resituant dans son contexte l’aveu humble et victorieux du garçon que la nuit enveloppait et qui certainement, au milieu de tous ces arbres, avait à lutter contre des fantasmes, les pensées que son imagination lui suggérait…, nous sommes, tout au contraire, amenés à conclure que nous aussi, tout au long de notre existence, nous aurons à affronter des circonstances qui pourraient engendrer des craintes, et si l’on s’y abandonnait, à s’en trouver déstabilisés et parfois angoissés…
Ceux qui ont eu, ou ont à lutter contre la maladie redoutable, à faire face aux surgissements de l’accident, de l’agression ou de tant d’autres situations très difficiles, méditeront sur l’importance de «vaincre sa peur», comme le très jeune garçon en témoignait.
Le sentiment de peur est naturel et des hommes sages ont pu écrire «qu’il fallait être fou pour ne jamais avoir peur».
Sans nous attarder sur le fracas des bombes, des obus ou autres terribles dangers que créent les guerres et les calamités que la folie ou la méchanceté, les passions débridées, dévoyées d’êtres humains ont déchaînées, nous pouvons aisément imaginer que des circonstances diverses sans être dramatiques toujours, engendrent la peur.
Ressentir une certaine peur n’est pas une preuve de lâcheté ou de faiblesse.
Certes, si ce sont des fantasmes ou élucubrations, produits d’une imagination ou de lectures ou d’émissions à éviter, la solution est simple à mettre en pratique:
Il suffit d’imposer, comme le dit la Bible, «à son âme le calme et le silence», c’est-à-dire se maîtriser et garder le contrôle de soi, tant dans sa vie intérieure que dans la vie quotidienne.
Ces peurs déraisonnables sont faciles à bannir.
Mais il en est d’autres, plus réelles et que chacun, dans son existence, devra affronter!
Et là, il s’agira bien de «vaincre sa peur».
La fuite devant les réalités n’est jamais une bonne réaction.
Il ne faut ni majorer, ni minorer les vicissitudes de l’existence, mais les regarder avec lucidité et le recul indispensable que donnent une saine réflexion et la connaissance des aléas rencontrés dans nos chemins d’ici-bas, tels que nous les révèlent aussi l’histoire et l’actualité.
Réfléchir, analyser, examiner… créer en soi «la force d’âme» qui permettra de garder la maîtrise de soi en toutes situations est une excellente discipline.
«Tu seras un homme, mon fils» a écrit un écrivain célèbre…
J’entendais, ces jours, le témoignage poignant d’une mère de trois petits enfants, qui vivait avec les siens sous le fracas des bombes et autres engins de mort qui tombaient alentour, en ce Moyen-Orient que la folie meurtrière et les ambitions cruelles de certains ont dévasté.
Cette maman disait calmement qu’elle devait constamment se contrôler car les trois enfants la regardaient et auraient paniqué si elle avait montré de la terreur.
Bel exemple d’amour maternel et du sens profond de l’influence du comportement de chacun sur les autres.
«Vaincre sa peur»!
«Serrer les dents», disait le très jeune enfant…
Chacun de nous avons l’occasion et le devoir de «serrer les dents».
La vie n’est pas «un long fleuve tranquille»… mais la manière de l’aborder est essentielle.
Bien évidemment, hélas, il y a des temps où la meilleure des volontés ne suffira pas.
L’épreuve, d’une teneur ou d’une autre, peut se révéler trop douloureuse ou destructrice!
Mais alors, il y a toujours un recours.
Il n’y a pas de cas totalement désespéré.
Le vrai chrétien, fort des promesses de la Bible, sait qu’en tous temps il peut demander l’aide de Dieu.
Pour l’avoir vécu bien des fois, je puis, ainsi que beaucoup d’autres, témoigner que la réponse «d’en haut» est une merveilleuse et providentielle réalité.
Yvon Charles