« Si j’étais quelque chose dans les affaires de la France, je te retournerais ce pays comme je retourne ce plat ! »

Et joignant le geste à la parole, Marius, car il s’agissait de lui et de son ami Olive, Marius donc, retourna le plat qui était devant eux.

Le rusé et gourmand avait remarqué que la part la plus grande se trouvait devant Olive…

Mais ce dernier ne se laissa pas berner et lui aussi, joignant le geste à la parole, retourna le plat, replaçant devant lui la part la plus copieuse en disant :

« Mais comme tu n’es rien dans la direction du pays, laisse donc ces affaires à d’autres, et ce plat comme il était auparavant ! »

L’humour aide parfois à donner des répliques sans vexer quiconque.

Retenons cependant cette propension des Français en général, à traiter des grands problèmes nationaux et internationaux avec assurance et une totale confiance en la justesse de leurs raisonnements.

Les « propos du café de commerce » ont presque atteint l’état de proverbes dans notre pays !

Non point que le plus petit des citoyens n’ait le droit de penser, de juger, d’analyser et de s’exprimer…

« Heureusement, comme d’aucuns disent, on est en république ! »

Cependant un peu de modestie et une évaluation plus exacte des connaissances amèneraient à user de plus de prudence dans les déclarations souvent péremptoires et les jugements sans appel sur les personnages publics… et autres !

Peut-être également que cette manière plus modérée, voire plus humble, de s’exprimer éviterait bien des heurts et parfois des disputes, tant dans les lieux publics que dans les familles.

Une culture différente qui existe dans d’autres contrées et que nous pourrions avantageusement copier.

Il est tout à fait légitime et souhaitable que le plus grand nombre s’intéresse à la politique de la cité comme de la région et de la commune, et même y participe selon les possibilités de chacun, mais en n’oubliant jamais nos limites, la relativité des informations parfois orientées et subjectives,

et surtout de manifester envers tous écoute et courtoisie.

Nous avons la chance de vivre dans une relative démocratie, de pouvoir apprendre et nous informer, donc de tenter de nous faire une opinion sur tous les sujets ou presque, mais en alliant toujours bon sens et mesure :

la joute oratoire et l’habileté de la gestuelle de Marius et d’Olive, au-delà du sourire qu’elles provoquent, contiennent une leçon qui doit interpeller.

Il est agréable et souvent instructif de débattre avec respect et conviction,

mais sans blesser quiconque et encore moins l’agresser.

En cette période de Noël, dans un monde fragile et agité, il est bon de se souvenir qu’ici-bas tout est éphémère,

et sans éluder ou nier les problèmes, nous pouvons apporter autour de nous un peu de la paix de Noël,

ce message que Dieu, le Créateur, a confié aux hommes et femmes de tous les lieux et de tous les temps :

« Paix sur la terre

pour les hommes bienveillants. »

« Heureux les artisans de paix » a souligné Jésus, le Christ sauveur.

A Noël, cet appel prend tout son sens.

Yvon Charles