«La mythique épée Durandal, fichée dans la roche à Rocamadour, a été volée». C’est par ces quelques mots qu’un journal régional titrait l’article portant sur la mystérieuse disparition de l’épée de Roland que, selon la légende, Charlemagne (son oncle) lui avait offerte.

Plantée à 10 mètres de hauteur dans la falaise du sanctuaire de Rocamadour, elle a subitement disparu il y a plusieurs mois dans des circonstances que l’on ignore. Si sa valeur symbolique et mémorielle est réelle, l’épée en elle-même n’avait aucune dimension historique et aucune valeur pécuniaire. D’ailleurs, l’objet n’était qu’une copie (la sixième) de l’originale. Autrefois située à portée de main, elle avait été déplacée et installée sur la falaise parce que les précédentes répliques avaient été déjà volées par le passé.

Ce larcin, au-delà de la vacuité du geste et de l’incivilité qu’il traduit, illustre un phénomène de société que certains qualifient de «fléau» et qui prend une dimension inquiétante. D’ailleurs nombre de commerçants le déplorent au quotidien: les vols à l’étalage ont augmenté de presque 15% en un an d’après les dernières statistiques disponibles.

Toutefois, parmi eux, Alexandre Goncalves de Oliveira, gérant d’un établissement en Occitanie, a eu l’agréable surprise de recevoir un courrier qui contenait ces mots: «Bonjour, je vous écris cette lettre afin de vous présenter mes excuses et de réparer une faute commise durant mon enfance. Lorsque j’étais un petit garçon, poursuit l’auteur de l’énigmatique message, j’ai volé une poignée de bonbons dans votre bureau de tabac Le Provençal. C’est pourquoi j’ai joint à cette lettre un billet de 50 euros pour vous rembourser. Je tenais encore à vous présenter mes plus grandes et sincères excuses. Je suis désolé de vous avoir volé et je vous souhaite le meilleur pour vous, vos proches et votre commerce. Respectueusement».

Surpris par les confessions et excuses de l’ancien « voleur », le buraliste du Gard a pensé dans un premier temps à une plaisanterie. Mais après vérification, le billet s’est révélé être authentique. Si l’identité de l’auteur du courrier demeure inconnue, le quadragénaire s’est réjoui de cette démarche inhabituelle et de ce qu’il reste encore «un peu d’honnêteté et de bienveillance dans ce monde».

A une époque où le vol et la tricherie semblent s’être banalisés (et sont même appelés « débrouillardise » ou « emprunt » par certains), rares et particulièrement appréciables sont de tels gestes qui, espérons-le, en susciteront bien d’autres à l’avenir.

J.G.