Une telle scène pourrait-elle se passer de nos jours ?

«…Que fais-tu ici… J’ai honte pour toi !»

Et pourtant, quand il apostropha ainsi cet homme, Ch. Spurgeon n’était encore qu’un jeune garçon!

Il deviendrait plus tard l’un des plus grands prédicateurs d’Angleterre, dont les écrits sont toujours en notre génération une aide pour beaucoup.

A 13 ans, il manifestait donc déjà cette détermination et ce courage qui l’animèrent toujours.

L’exemple et les prédications de son grand-père pasteur l’avaient marqué depuis son enfance et ont eu une influence prépondérante durant toute son existence.

A 13 ans donc, scandalisé de voir un membre fidèle de l’église souvent attablé dans une taverne, il intervint.

Et cet homme, qui se souvint toute sa vie de ce moment, raconte:

«…Que fais-tu ici, me dit-il, le doigt pointé sur moi, assis avec les impies, toi qui es membre d’une église et qui brises le cœur de ton pasteur?

J’ai honte pour toi! Moi je ne voudrais pas briser le cœur de mon pasteur, c’est sûr!»

Et ayant dit cela, il s’en alla!

«Je savais que c’était entièrement vrai et que j’étais coupable, confessera plus tard Thomas Roods, alors j’ai rangé ma pipe, je n’ai pas touché au verre d’alcool, mais je courus vers un lieu solitaire pour prier et me repentir.»

Le rétablissement de Thomas Roods s’avéra réel et durable.

En nous posant dès le début de cet article la question sur la possibilité qu’une telle scène puisse se passer aujourd’hui, nous soulignons implicitement la grande évolution intervenue dans les mœurs et les consciences!

Cependant, il est possible d’en tirer quelques enseignements et peut-être même des leçons.

Cet adolescent avait été fortement impressionné depuis ses jeunes années par l’exemple quotidien de la vie de son grand-père…

En notre époque où l’éducation des enfants, le comportement des jeunes sont devenus un problème majeur,

il y a, en ce témoignage authentique, un appel à réfléchir et un grand encouragement.

Et ce, d’autant plus que l’année scolaire commence, moment privilégié pour poser en tous domaines des bases saines.

Depuis de nombreuses années, il était «de bon ton» dans certains milieux de se moquer des leçons de morale, de se gausser d’une éducation mettant en évidence les bonnes et mauvaises attitudes, les paroles à bannir et celles à adopter, les comportements empreints de respect pour l’autre et les autres, la discipline personnelle et collective…

Le slogan de mai 68, «Interdit d’interdire», associé à la promotion constante de l’exaltation du «moi», de toutes les «émancipations» en tous domaines…, ont entraîné le triomphe de l’égoïsme et de l’individualisme sans le moindre souci pour les conséquences que cela suscite pour le prochain, fût-ce dans la famille, ou à l’école, dans la rue, dans l’entreprise…, symbolisés par un état d’esprit et un comportement d’indifférence que résume bien cette réflexion:

«Après moi le déluge!»

Tout cela a produit des fruits empoisonnés, et «empoisonne» la vie de nombreuses familles, de voisins, de l’entourage, et pas seulement dans les dites «banlieues»… où les exactions, voire la violence sont devenues habituelles.

Est-ce trop tard pour nos sociétés et civilisations, notamment occidentales, hypothéquées par une incrédulité érigée en dogme, un quasi-mépris de toutes conventions, un «laisser-aller» devenu la norme pour nombre de personnes et pas seulement de «jeunes»?

«Trop tard» concluent des sociologues, le mal est trop profond, trop ancien…

«Non!» rétorquent d’autres, il est encore possible de réagir mais alors il faut tout revoir à tous «les étages de la société» et dans tous ses secteurs,

à l’école, certes, mais d’abord «à la maison», que les parents retrouvent eux-mêmes le chemin d’une éthique digne de la vie humaine, les bases élémentaires du comportement, tant chez soi que partout ailleurs, et qu’ils l’inculquent à leurs enfants…

De même qu’à l’école, au collège, à l’université, comme dans tous les lieux de vie, et jusque sur les terrains de sport, il faut que les fondements de la saine morale bâtie sur le respect de soi et des autres retrouvent leur juste place et servent de frontières et de points de repère.

«Trop tard? Pas trop tard?»

A chacun d’en décider pour lui-même!

Mais ceux qui veulent non seulement espérer encore,

mais agir pour reconquérir le terrain perdu,

ceux qui veulent, en ce qui les concerne et ce qui dépend d’eux,

construire sur un roc solide, qui défiera les vents contraires,

ceux-là peuvent s’appuyer sur les enseignements et exemples sûrs que donne, depuis des siècles, la Parole venue d’en haut:

la Bible,

qui plus que jamais demeure le message de Dieu aux hommes et femmes de tous les temps et de tous les lieux.

La rentrée?

Oui, et elle peut être pour chacun l’occasion de tout revoir et de tout rebâtir.

Yvon Charles