«Iznogoud»!
Une voix juvénile se fait soudain entendre fort opportunément, surprenant ceux qui s’entretenaient gravement des calculs politiques, des intrigues, voire des traîtrises et mensonges…
«Iznogoud»!
Peut-être vous souvenez-vous de ce personnage d’une célèbre bande dessinée créée par René Goscinny sous le titre: «Les aventures du calife Haroun El Poussah»?
Iznogoud a le rôle du méchant qui par tous les moyens, des plus vils aux plus farfelus, tente de ravir au calife son trône et son pouvoir…
Celui-ci, bienveillant et crédule, semble ne pas discerner la malignité, les objectifs de celui qu’il a accepté dans son entourage proche…
Chacune des tentatives de cet être égoïste et méchant se termine par une catastrophe le plaçant dans une situation inextricable… mais à la première occasion «celui qui veut être calife à la place du calife» recommence, car quoi qu’il fasse il demeure à son poste comme si rien ne s’était passé.
Le contraste est saisissant et choque profondément.
Le calife, qui ne se rend compte de rien et demeure débonnaire… Iznogoud, machiavélique et cruel, multipliant les complots, échoue toujours…
Derrière les aventures comiques apparaissent les caractères et les comportements des humains, véritables leçons que donne l’auteur à qui veut comprendre, et ce d’autant plus que les références culturelles et historiques, étonnantes parfois, n’en sont pas absentes…
Rire ou réfléchir?
René Goscinny a offert à ses lecteurs la possibilité de méditer sur la nature humaine et sur l’histoire des hommes, tout en distrayant et détendant.
L’actualité et l’histoire sont rarement gaies et amusantes…
L’humour permet de les aborder parfois avec une certaine distance indispensable.
La réserve qui s’impose face aux récits et déclarations historiques ou journalistiques permet de sauvegarder sa liberté et ses conclusions, qu’il s’agisse d’événements ou de faits banals.
Sans devenir un critique pessimiste, voire grincheux, il est possible de conserver son «quant-à-soi», ses valeurs et ses lignes de conduite, tout en retenant ce qui mérite de l’être…
Un esprit ouvert et une prudente réflexion peuvent très bien cohabiter.
Des «Iznogoud» existent à toutes les époques et à tous les échelons de la société.
N’est-ce pas un objectif constant, notamment chez les politiciens, de vouloir «devenir calife à la place du calife»?
On ne peut blâmer celui qui a une ambition assumée et cohérente en fonction de ses réelles capacités… mais tout est dans les moyens qui seront utilisés…
Quand demeurent la droiture, l’intégrité, le respect de soi, des autres, de la parole donnée… l’ambition et le désir de servir sont ennoblis!
Mais quand triomphent les Iznogoud, le danger est réel…
Au-delà des bandes dessinées, des personnages de Molière, des Caractères de La Bruyère, des thèses diverses…,
la Bible nous apporte une lumière pénétrante sur l’homme et la femme de tous les temps et de toutes les civilisations.
Yvon Charles