ses passions… mais aussi – et plus encore – de son regard sur la vie. Sans lui, il nous aurait manqué une certaine dimension humaine, un autre regard sur la vie et les êtres humains, sur soi-même… », nous a confié Mme Le Bihan.
Geneviève Le Bihan est de ces personnes dont l’allant, la convivialité et la bonne humeur sont aussi naturels que communicatifs.
Quelques moments passés à converser avec elle, quelques mots échangés, et le sourire qui revient sans cesse éclairer son visage, comme le ton enjoué de ses paroles au flot vif, vous donne l’impression que seul demeure le versant ensoleillé de la vie.
Et pourtant… Le cours de sa propre existence a traversé de bien sombres vallées, connu des versants sans soleil…
Mais toujours, la volonté, le dynamisme, le refus de baisser les bras face à l’adversité – et la foi – ont triomphé de l’épreuve, éclairé la nuit des lourdes peines.
Regard d’Espérance a voulu ce mois recueillir le riche témoignage d’une femme engagée aux côtés des personnes handicapées, non seulement pour avoir milité au sein de l’Association
des Paralysés de France pendant de longues années, mais surtout pour avoir côtoyé le handicap jour après jour, auprès des siens : son fils Jean-François, son mari Jean-Michel…
Un témoignage authentique, simple, vrai, fort… et un regard aussi objectif que dénué de misérabilisme ou de pathos ; mais non de vive émotion et de profonde humanité.
L’interviewer, c’est également rencontrer une Carhaisienne aux racines résolument ancrées dans sa cité du Poher, dont on ne compte plus les engagements dans la vie – notamment associative – de notre ville et de sa contrée depuis plusieurs décennies :
un témoin capable de conjuguer Carhaix au passé et au présent, en mariant passion et raison.
Voudriez-vous vous présenter brièvement ?
« Je suis la seconde d’une fratrie de six – trois garçons et trois filles. Mon père était officier dans l’Infanterie de Marine, et a été beaucoup absent, puisque c’était la période des guerres… Il a aussi fait des séjours en Afrique. Et si nous ne l’avons pas eu toujours avec nous à la maison à cause de cela, nous avons eu la chance de voyager. Nous avons vécu un peu en Centrafrique, au Cameroun…
Il n’était pas très courant de voyager à l’époque, et pour nous c’était une expérience extraordinaire.
Notre maman était institutrice avant son mariage, puis a laissé son métier pour nous élever, avant de le reprendre quand les cinq aînés ont été en âge de « se débrouiller ».
Enseigner était vraiment pour elle une passion !
Nous avons eu la chance de la garder en bonne santé et vivant à la maison, chez elle, presque centenaire, la famille l’entourant du mieux que l’on pouvait.
Je me suis mariée en 1964 à Jean-Michel Le Bihan, Carhaisien aux racines très ancrées dans sa ville, où il voulait absolument vivre, alors qu’il avait auparavant beaucoup voyagé lui aussi, puisqu’il avait travaillé dans la Marine marchande…
Il a ensuite exercé la profession d’agent d’assurances, prenant la suite de son père en 1968. J’ai toujours travaillé avec lui, sans vraiment avoir de qualification professionnelle dans ce domaine, puisque j’avais enseigné un peu avant…
Trois garçons sont nés dans notre foyer : Philippe, l’aîné, est aujourd’hui retraité de l’Armée ; Alain travaille à Carhaix dans le domaine du recyclage des matériaux, chez Guyot – Environnement ; et Jean-François, né handicapé, travaille aujourd’hui au Mans comme formateur de conseillers à Pôle-Emploi.
Jean-Michel et moi avons toujours eu beaucoup d’engagements, jusqu’à son accident vasculaire cérébral, en 1997 : scoutisme, comité de jumelage, office du tourisme, club de tir, comité de parents d’élèves…
Par ailleurs, j’aime beaucoup le jardinage. J’aime la cuisine – mais surtout pour le plaisir de partager : j’aime avoir du monde autour de la table – et l’art floral, que j’ai longtemps pratiqué.
Mais je préfère maintenant voir les fleurs dans le jardin. »
…
