Les demandes viennent de toute la France et même de Belgique, Allemagne ou Suisse. Un chiot coûte en moyenne 1500€ et une rencontre précède toujours la vente, pour s’assurer que toutes les conditions seront remplies pour une intégration réussie.
Pour l’éleveuse, les sacrifices sont importants: il faut oublier les vacances (en 28 ans, une seule semaine en famille!) et assurer une présence 24h/24, notamment au moment des mises bas. Son élevage compte sept femelles et deux étalons, mais elle garde aussi les anciens, ce qui fait une belle troupe d’une vingtaine de chiens. Il y a parfois quatre générations qui dorment ensemble, et Mme Bert veille à ce que les chiots soient sains, sociables et rustiques.
Autrefois, ces chiens gardaient les abords de ferme: par leur intelligence, ils étaient capables, tout seuls, d’écarter les troupeaux qui venaient brouter les cultures.
Aujourd’hui, les Shetland sont souvent des chiens de compagnie même s’ils brillent dans différentes disciplines: agility, recherche de personnes… En 2011, une rencontre va beaucoup toucher Mme Bert: une mère dont le fils est hémiplégique et épileptique lui explique qu’elle cherche un petit chien pour son enfant, afin de le stimuler. Marjorie Bert va alors choisir soigneusement sa femelle la plus douce, puis garder la portée pendant 3 mois pour sélectionner le chiot le mieux adapté. La réussite sera totale: «Avec l’aide de sa petite chienne, l’enfant va faire des progrès étonnants», raconte Marjorie Bert, encore émerveillée dix ans plus tard.
Cette belle histoire est partagée avec d’autres éleveurs de Shetland et un peu plus tard, c’est une femme, autiste Asperger, qui vient la voir. Elle lui raconte sa vie et lui demande un chien qui pourrait «ressentir quand je vais partir en crise». Mme Bert sélectionne une petite chienne en espérant qu’elle puisse aider cette femme. Deux ans plus tard, celle-ci témoignera dans un article que la chienne s’est «substituée aux traitements médicamenteux»! Petit à petit, Mme Bert reçoit d’autres demandes semblables et une partie de ses chiens deviennent accompagnants en crèches, en maisons de retraite… Et que d’émotions pour elle quand des enfants d’IME sont venus lui montrer ce qu’ils avaient appris avec «leur» chienne, née deux ans plus tôt dans son élevage: assurément, la plus belle des récompenses: «Cela vaut la peine de rater des ventes pour prendre le temps de sélectionner le chien qui aura le bon comportement», conclut-elle
Olof Alexandersson