«La demande a beaucoup évolué, confie-t-il. Mon père pouvait installer la même cuisine dans toute une rue, alors qu’aujourd’hui, les gens ne veulent même plus avoir le même artisan que le voisin ! »
Ce sont des particuliers ou des architectes qui viennent vers lui, avec une idée, une photo… Michel apprécie cette grande diversité: «Chaque projet est différent!»
Une partie du bois utilisé (hêtre, châtaigner, frêne…) provient de la forêt voisine: Michel Le Gac le choisit avec le garde forestier, puis il est débité par la scierie mobile de Locmaria et revient sécher à l’entreprise: «Il ne sort même pas de la commune!», s’émerveille l’ébéniste. Pour le chêne, il faut aussi en faire venir d’autres régions, parce que le bois local peut être très « nerveux»: à cause du vent, le fil du bois est parfois trop tortueux.
Mais la tendance actuelle est au retour du stratifié (le «formica» des années 60): ce sont 70% des cuisines qui sont aujourd’hui faites dans ce matériau, certes pratique et résistant, mais qui n’a pas la noblesse du bois. «La mode est lancée par les magazines déco et les chaînes d’ameublement, et tout le monde va vers cette tendance», regrette un peu Michel. Heureusement, il y a des projets atypiques, tel ce bar composé de 800 morceaux de contreplaqué collés pour faire un effet de vague, dans un restaurant à Pont-Aven. Se déplacer sur toute la pointe bretonne n’est pas un problème, car l’essentiel du travail se fait à l’atelier: «Sur 12 jours mis pour faire une cuisine, on ne passe que 2 jours chez le client».
Enfin, les tarifs restent contenus; en effet, l’entreprise ne dispose ni de showroom, ni d’un service commercial, les frais fixes sont donc limités et permettent, pour un prix équivalent, d’offrir une meilleure qualité. Même si le prix du bois a doublé en quelques années, Michel envisage sereinement la suite, car le carnet de commandes se remplit régulièrement. La satisfaction du travail bien fait reste encore sa meilleure récompense!
Olof Alexandersson