Après un an de formation à la CIAP, une coopérative d’installation en agriculture paysanne, il implante sa ferme à Trégornan en septembre 2021. Il cultive 40 hectares à Bonen : environ 12 ha de céréales, le reste étant en prairies. Il a actuellement un salarié, Mickaël Derrien.
Pierre-Yves a choisi des espèces anciennes (blé poulard, amidonnier -ancêtre des autres blés-, épeautre…), qui ont failli disparaître, parce qu’elles n’étaient plus assez rentables. Quelques passionnés et les conservatoires botaniques ont permis leur sauvegarde. «Nous faisons beaucoup d’échanges de semences. Ainsi, un paysan m’a donné 20 kg d’amidonnier en me disant : à la récolte, tu me les rendras ! C’est ce partage qui me plaît dans l’agriculture paysanne, et je ne conçois pas de travailler seul dans mon coin. C’est essentiel d’être entouré, et ce, tout au long de sa vie de paysan».
Ces variétés sont très bien adaptées aux terres assez pauvres qu’il exploite en agriculture biologique.
Après la récolte, les grains sont triés, dépoussiérés et assemblés selon le besoin des mélanges. Ils passent dans un moulin sur meule de pierre pour être transformés en semoule.
Dans un pétrin, cette farine de semoule est mélangée à l’eau puis sort au travers de moules en bronze qui leur donnent leur forme. Il faut environ 4 heures pour utiliser 100 kg de farine. Les pâtes doivent ensuite sécher pendant 20 heures.
«Grâce aux variétés de blé anciennes, le goût est très typé, les pâtes sont plus digestes et procurent un meilleur sentiment de satiété, ce qui atténue la différence de prix avec des pâtes industrielles».
Comme Pierre-Yves est aussi chanteur de kan ha diskan, il a mis la langue bretonne à l’honneur pour nommer ses produits, avec des clins d’œil au terroir local. Par exemple, pas de tagliatelles, mais des «Fiseligoù» en l’honneur du pays Fisel…
Ses pâtes sont vendues dans une cinquantaine de points de vente, depuis les supermarchés jusqu’aux petites épiceries locales:«Cela sécurise les débouchés et je tiens à ce que mes produits soient accessibles partout dans notre milieu rural».
Olof Alexandersson