Il y a un an notre région a été touchée par la tempête Ciaran qui a causé d’importants dégâts, notamment sur la végétation. D’ailleurs, en de nombreux endroits, le paysage du Poher porte encore les séquelles de son passage. Les massifs forestiers et bocagers n’ont pas été épargnés et les traces de la dépression automnale s’effacent lentement.
Mais il semblerait qu’en certains lieux du Centre-Bretagne, ce soit une autre «tempête», très différente de la première, qui ait frappé la végétation. Ses effets, tout autant visibles, ont certainement interloqué ceux qui les ont observés: des talus arasés, des haies détruites, de beaux arbres mutilés et de véritables coupes rases à certains endroits… Il ne s’agit pas ici de l’entretien raisonné du bocage effectué par des agriculteurs locaux mais d’étranges méthodes d’entreprises privées extérieures au territoire régional…
Au lieu d’entretenir les haies et les talus puis valoriser le bois bocager, certaines se livrent à une sorte de pillage allant parfois jusqu’à du vol de bois… La matière première qu’elles récupèrent quitte généralement le territoire breton. Le bois est souvent transporté jusqu’à Lorient ou Brest pour être exporté vers la Scandinavie et alimenter les chaufferies-bois situées à plus de 2000 km du pays COB. Il est estimé qu’environ 3000 à 4000 tonnes de bois quittent ces ports chaque semaine à destination de pays étrangers.
Ces pratiques posent ainsi une vraie question quant à l’entretien du bocage centre-breton. En effet, elles altèrent les capacités de renouvellement de nos haies champêtres et privent le territoire et ses acteurs d’une ressource locale génératrice de richesse pour toute une filière (un kilomètre de haie permet d’obtenir près de 100 m3 de plaquettes de bois tous les dix ans).
Si les agriculteurs forment un maillon essentiel de la chaîne, c’est bien l’ensemble de la filière qu’il faut structurer et mobiliser autour du sujet. Des avancées intéressantes sont à noter dans ce domaine comme la création de sociétés coopératives d’intérêt collectif ou la recréation de talus, mais il semble important d’accentuer ces efforts, et pas seulement sous l’aspect énergétique.
Au-delà de constituer un patrimoine paysager précieux, les talus et haies remplissent des fonctions agroécologiques essentielles à la biodiversité (refuges pour les auxiliaires des cultures, barrières aux vents, freins à l’érosion des sols, etc.). Il convient donc de les valoriser et surtout de les préserver!
J.G.