«…c’est une image d’Epinal qui a la vie dure».
De quoi parle donc ce grand alpiniste et théologien ?
Tout simplement de la déclaration maintes fois répétée que «l’homme est transcendé» lorsqu’il se trouve sur les sommets des montagnes !
De manière presque abrupte, avec la franchise et l’objectivité qui le caractérisent, Paul Keller(1), guide de montagne, professeur à l’ENSA (l’Ecole Nationale d’Alpinisme), met fin à une légende en concluant que l’être humain demeure «en haut» ce qu’il est «en bas».
Certes, le silence, la beauté des paysages… font naître des émotions, sublimer quelques instants les sentiments et pensées, considérer le quotidien de la vie avec détachement…
Mais tout cela n’est qu’état d’âme qui s’évanouira au retour «sur la terre des vaches»…
Ne sont-ce pas les mêmes émotions que l’on ressent face à une œuvre d’art, un beau morceau de musique, un coucher de soleil sur la mer… ?
L’homme par la pensée peut s’élever au-dessus de lui-même, mais rapidement, les contingences de l’existence, son caractère, ses instincts… le ramèneront à sa seule dimension d’être limité, éphémère…
Le grand alpiniste qui a « bourlingué » comme il le dit, des Alpes à l’Himalaya, côtoyé les grands noms de l’alpinisme pendant quelque quarante années, de Samivel, Fourastié… à Armand Charlet, Lionel Terray, Louis Lachenal, Gaston Rebuffat, René Demaison…
Lui-même (grand et modeste) rejoint dans sa conclusion le théologien qu’il n’a cessé d’être, fin connaisseur de l’âme humaine :
l’homme demeure le même au sommet, qu’en bas dans la vallée ou les villes !
Le refus des envolées lyriques peut décevoir les passionnés et amateurs de récits romancés, mais tous ceux qui aiment la réalité, quand bien même est-elle autre que le rêve, seront reconnaissants.
La vérité est première, et en tous domaines, essentielle, ce qui n’exclut pas la poésie, l’enthousiasme et la passion…
«L’homme demeure le même en haut, comme il l’est en bas !»
Il est nécessaire, indispensable de s’en souvenir en tous temps et en toutes circonstances…
Que ce soit dans le commerce, la politique, l’écoute et la lecture des médias, le surgissement d’événements et leurs conséquences,
la littérature et la science elle-même… tout comme dans la vie quotidienne,
pour ne pas se tromper ni être trompé,
il faut garder bien présent à la mémoire que «ces autres nous-mêmes» sont faillibles, peuvent mentir, exagérer, et escroquer…
Il ne s’agit pas de devenir pessimiste ni méfiant, mais de garder les yeux ouverts sur les réalités de ce monde.
Il est des personnes dont la noblesse de cœur, le dévouement, la conduite irréprochable forcent l’admiration et le respect… Elles grandissent et honorent le genre humain…
Mais il en est d’autres dont le comportement et l’âme sont marqués par «la médiocrité», voire la bassesse…
«Chassez le naturel, il revient au galop» dit un proverbe familier.
C’est, hélas, vrai…
La Bible souligne également que «pas plus que le léopard ne peut effacer ses taches, l’homme ne peut changer son cœur».
N’y a-t-il donc aucun espoir ?
Heureusement il existe des voies où ces sombres observations peuvent être éclairées.
L’éducation des enfants, des adolescents… et des adultes, entreprise avec persévérance, lucidité, patience et fermeté… utilisant les connaissances éprouvées, ne restera pas sans résultat, même si les dispositions premières demeurent prépondérantes.
Le patient travail éducatif auquel s’adonnent les parents et les éducateurs, portera ses fruits…
Mais pour que soit réellement transformée l’âme humaine, la vie de chaque personne, il faut bien plus.
Dans le cœur est la racine de l’être, disent les Ecritures.
Comment peut-il être purifié, restauré, renouvelé ?
La Bible, parole du Créateur aux hommes et femmes de tous les temps, affirme qu’il n’y a pas de cas incurable… Le Créateur peut, Lui, remodeler ses créatures…
C’est le message qui trouve en Jésus-Christ, toute sa lumière et sa grandeur…
Et l’Evangile souligne que cela est possible pour quiconque se tourne vers Dieu.
Alors, oui, l’homme demeurera le même aux sommets, semblable à ce qu’il est en bas…
Mais ce sera dans l’harmonie avec les merveilles de la création et l’espérance de l’éternité.
Yvon Charles