Saviez-vous que la célèbre pomme de terre Charlotte est née ici, à Châteauneuf-du-Faou, au sein de l’entreprise Germicopa ? Et des dizaines d’autres variétés ont aussi été créées dans cette société discrète et méconnue du grand public, qui est l’un des leaders européens dans son domaine.
L’aventure débute en 1947 quand M. Salaün et M. Le Viel s’associent pour créer de nouvelles variétés adaptées aux conditions locales. Les premières cultures ont lieu dans les serres du château de Trévarez, puis dans le centre de Châteauneuf. En 1976, l’entreprise déménage sur le site actuel de Kerguivarch.
Sept personnes travaillent sur les 12 hectares du site de Châteauneuf. Les semis sont effectués d’abord sous serres, puis en pleine terre. Sont aussi réalisés sur place des tests de cuisson, plusieurs fois par an, pour évaluer les qualités gustatives et de conservation. Ces jours-là flotte une douce odeur de frites ou de chips dans les locaux !
« C’est un travail assez ingrat, qui demande patience et abnégation, car sur 60 000 semis plantés chaque année, seuls 2 ou 3 finiront par donner une nouvelle variété », confie Gisèle Lairy-Joly, responsable du site, qui y travaille depuis 32 ans. « Il faut environ 15 ans entre le premier semis et la commercialisation du produit. On doit savoir encaisser car parfois, une variété développée depuis 10 ans est abandonnée à cause d’un seul critère qui n’est pas aussi bon qu’espéré. Il faut aussi être attentif aux évolutions de la réglementation et du marché, savoir s’adapter… C’est un travail qui se fait sur le temps long. »
Avant d’être commercialisée, une variété doit passer une série d’examens au ministère de l’Agriculture pour prouver qu’elle présente un intérêt. L’entreprise en obtient alors l’exploitation exclusive pendant 30 ans. La production se fait ensuite dans le Léon ou le Nord de la France, sur 3000 hectares.
Il faut aussi convaincre les clients de l’intérêt de ces nouvelles variétés, et le marketing est l’une des forces de Germicopa, avec de beaux succès comme la Charlotte ou l’Amandine. Beaucoup de pommes de terre sont destinées aux industriels : il y a des variétés spécialement dédiées aux frites, aux chips, aux flocons ou à la fécule.
L’exportation vers le Maghreb et le Moyen-Orient est importante : environ 45 000 tonnes de pommes de terre (la moitié de la production) partent chaque année par bateau pour être replantées dans ces contrées.
La station de recherche est restée en Centre-Bretagne parce que son isolement par rapport aux grandes zones de culture garantit un excellent état sanitaire par rapport aux multiples parasites (pucerons, insectes, virus…). Le climat doux et venteux est aussi très favorable.
Si le passage en 2X2 voies de la RN164 a créé quelques troubles avec la perte de terres nécessaires aux cultures, ces soucis sont maintenant résolus et l’entreprise prévoit de continuer à se développer ici, pour mettre au point les pommes de terre de demain, aptes à répondre aux différents défis climatiques, écologiques… et gustatifs !
Les demandes viennent de toute la France et même de Belgique, Allemagne ou Suisse. Un chiot coûte en moyenne 1500€ et une rencontre précède toujours la vente, pour s’assurer que toutes les conditions seront remplies pour une intégration réussie.
Pour l’éleveuse, les sacrifices sont importants: il faut oublier les vacances (en 28 ans, une seule semaine en famille!) et assurer une présence 24h/24, notamment au moment des mises bas. Son élevage compte sept femelles et deux étalons, mais elle garde aussi les anciens, ce qui fait une belle troupe d’une vingtaine de chiens. Il y a parfois quatre générations qui dorment ensemble, et Mme Bert veille à ce que les chiots soient sains, sociables et rustiques.
Autrefois, ces chiens gardaient les abords de ferme: par leur intelligence, ils étaient capables, tout seuls, d’écarter les troupeaux qui venaient brouter les cultures.
Aujourd’hui, les Shetland sont souvent des chiens de compagnie même s’ils brillent dans différentes disciplines: agility, recherche de personnes… En 2011, une rencontre va beaucoup toucher Mme Bert: une mère dont le fils est hémiplégique et épileptique lui explique qu’elle cherche un petit chien pour son enfant, afin de le stimuler. Marjorie Bert va alors choisir soigneusement sa femelle la plus douce, puis garder la portée pendant 3 mois pour sélectionner le chiot le mieux adapté. La réussite sera totale: «Avec l’aide de sa petite chienne, l’enfant va faire des progrès étonnants», raconte Marjorie Bert, encore émerveillée dix ans plus tard.
Cette belle histoire est partagée avec d’autres éleveurs de Shetland et un peu plus tard, c’est une femme, autiste Asperger, qui vient la voir. Elle lui raconte sa vie et lui demande un chien qui pourrait «ressentir quand je vais partir en crise». Mme Bert sélectionne une petite chienne en espérant qu’elle puisse aider cette femme. Deux ans plus tard, celle-ci témoignera dans un article que la chienne s’est «substituée aux traitements médicamenteux»! Petit à petit, Mme Bert reçoit d’autres demandes semblables et une partie de ses chiens deviennent accompagnants en crèches, en maisons de retraite… Et que d’émotions pour elle quand des enfants d’IME sont venus lui montrer ce qu’ils avaient appris avec «leur» chienne, née deux ans plus tôt dans son élevage: assurément, la plus belle des récompenses: «Cela vaut la peine de rater des ventes pour prendre le temps de sélectionner le chien qui aura le bon comportement», conclut-elle
Olof Alexandersson