Vous aimez les endives ?

Alors profitez-en ! Car ce légume-feuille, aussi appelé chicon, pourrait devenir difficile à trouver en quantité suffisante et à des prix abordables dans les années qui viennent.

Pourtant la France en est le premier producteur mondial, avec près de 140 000 tonnes produites par an… Certes, il s’agit d’une petite filière comprenant environ 350 producteurs, soit près de 5 000 emplois directs et indirects, situés à 90% dans la Région Haut-de-France (source: L’Opinion). Véritable marché de niche, la production s’effectue dans trois pays : la France, la Belgique et les Pays-Bas, et on en consomme dans six pays européens seulement.

Mais pourquoi une telle perspective pour l’endive et un sombre horizon qui semble en inquiéter si peu ?

Tout simplement parce que la filière est menacée de disparition à court et moyen terme. En effet, à partir de l’année prochaine, l’Union Européenne a décidé de supprimer trois produits phytosanitaires, dont l’une des molécules permettant de lutter contre les pucerons qui ravagent les cultures.

Or, à ce jour, aucun traitement de substitution (naturel ou mécanique) ne permet de protéger les endives de ce prédateur. En cas d’attaque, comme pour les betteraves il y a deux ans, les exploitants agricoles pourraient perdre une grande partie de leurs récoltes.

C’est donc la grande incertitude pour ces derniers… Les plantations ont lieu dans deux mois environ et sans solution d’ici-là, beaucoup d’entre eux pourraient renoncer à les produire.

L’endive vient s’ajouter à la liste (qui s’allonge de plus en plus…) des denrées agricoles produites en France se trouvant ainsi pénalisées et que l’on doit parfois importer de pays qui les produisent dans des conditions bien moins respectueuses de l’environnement.

L’exemple de la noisette est particulièrement frappant en ce domaine. Handicapée par des interdictions purement françaises, la production nationale ne peut plus répondre aux besoins croissants de l’industrie agro-alimentaire. Cette dernière importe alors massivement des noisettes de Turquie, où plus de 240 produits phytosanitaires sont autorisés pour leur production…

S’il est indispensable d’exercer un véritable contrôle sur l’utilisation des intrants chimiques dans l’agriculture, il paraît essentiel de s’assurer de l’existence de solutions de substitution avant d’en décider l’interdiction…

« Arrêtons de punir les productions locales françaises et de favoriser des importations mieux disantes » ne cessent de répéter nombre d’agriculteurs et d’observateurs.

Sinon déraison l’emportera sur les chicons !

J.G.