Il est des paroles qui demeurent dans notre mémoire, parfois depuis l’époque scolaire, telles : «A moi comte, deux mots…» du Cid de Corneille,
d’autres qui évoquent des vies remarquables,
des actes dignes de symboliser le dévouement, le don de soi…,
donnant aux humains que nous sommes l’exemple à imiter.
A une époque où le matérialisme, le mercantilisme, l’égoïsme, la soif de jouissance sont si présents et envahissants,
il est bon et réconfortant de rappeler aux plus jeunes, mais aussi à tous, que l’homme peut s’élever au-dessus de tous les obscurantismes et de toutes les médiocrités,
ennoblir sa vocation et son existence.
«Je le pansay, Dieu le guarist» («Je le pansai, Dieu le guérit»).
Ambroise Paré, «le père de la chirurgie», est de ceux-là!
Il vécut il y a quelque cinq siècles (1510-1590) et est toujours l’une des grandes références de la médecine.
Célèbre, il était appelé au chevet des patients illustres… mais il gardait en toutes circonstances la même modestie.
Lorsque un roi, raconte-t-on, lui déclara qu’il attendait de lui: «qu’il soigne les rois mieux que les pauvres…», il lui répondit, au risque de choquer le «dit» grand personnage :
«Non, sire, c’est impossible.
– Pourquoi ?
– Parce que je soigne les pauvres comme des rois».
Ce chirurgien était de ces hommes dont on dit qu’ils ne sont «ni à acheter, ni à vendre».
Il faudrait de telles personnes à tous les échelons de la société, aux plus hautes fonctions de l’État, comme dans les tâches les plus humbles… Il en est, certainement, mais sont-elles en grand nombre?
Ambroise Paré était un grand homme de science, et on lui doit des découvertes qui marquèrent la pratique de la médecine.
Il était aussi, sans ostentation, un homme à la foi profonde, faisant référence avec clarté à la révélation biblique, citant les Évangiles…
«Je le pansai, Dieu le guérit».
L’humilité d’un grand médecin, conscient de l’importance de ses connaissances, de ce qu’il devait à l’héritage laissé par les anciens, et agissant avec détermination et efficacité,
mais
conscient également de ses limites, de celles de tous les hommes et se confiant en Celui dont il reconnaissait la toute-puissance, le Dieu créateur,
Celui dont les lois établies en tous domaines permettent à l’univers comme à l’infiniment petit de subsister, et à la vie de se perpétuer.
Pour le Dr Ambroise Paré, ces mots : «Je le pansai, Dieu le guérit», étaient bien plus qu’une formule…
Il les vivait véritablement, et ne voulait en aucun cas s’attribuer la moindre parcelle de succès ou de gloire qui ne lui revenait pas.
D’aucuns diront peut-être :
«Bien sûr, les connaissances médicales à son époque étaient si relatives, qu’elles engendraient naturellement des sentiments modestes !»
Ce serait bien méconnaître la vanité humaine que de conclure ainsi !
Et quant à la relativité des acquis «scientifiques», elle n’est pas l’apanage d’un temps …
Au XVIe siècle certains pouvaient regarder avec condescendance les pratiques médicales de l’Antiquité…
Et nul doute qu’en 2200, ou dans trois ou quatre siècles – si le monde poursuit sa course – les sciences et méthodes d’aujourd’hui paraîtront bien «ancestrales».
Quant à la vanité… l’orgueil et ses multiples facettes dureront aussi longtemps que les hommes et femmes seront dominés par leurs ambitions, leurs passions, leurs désirs…
Certes, il existe des exceptions… et peut-être plus nombreuses que l’on pourrait le penser.
D’autant plus que ceux qui sont réellement modestes, quels que soient leurs compétences et leurs titres, ne tenteront jamais de «s’imposer», «d’en imposer» !
L’être humain ne change pas! Et l’on observe dans toutes les disciplines, dans toutes les professions, les mêmes comportements, les mêmes attitudes…
Heureux qui a pour «docteur»,
un homme, une femme, conscient de ses possibilités, des acquis de sa science,
déterminé à agir dans le plus grand respect de ses patients,
sans se «surestimer» ni se laisser influencer par d’autres motivations que le bien supérieur de celui qui s’est confié en lui.
Le professeur Baruk, l’un des plus éminents psychiatres, professeur agrégé de la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie de médecine… nous confiait, lors d’un entretien, il y a bien des années, sa totale désapprobation, lorsqu’un médecin, quel qu’il soit, assénait au malade :
«Il n’y a plus rien à faire !»
Paroles non seulement destructrices mais erronées, car, soulignait le professeur Baruk, «Que ce médecin soit arrivé au bout de ses possibilités, ayant tout envisagé… soit! Mais cela ne signifiait pas « qu’il n’y avait plus rien à faire » !»
Un autre, peut-être, pouvait intervenir et réussir, là où le premier avait échoué!
«Il aurait dû conclure: Personnellement je ne puis plus rien…»,
laissant, avec l’espoir, une porte ouverte, une autre issue!
Combien de «cas» pourraient être cités, où ce qui paraissait impossible s’est réalisé, incompréhensiblement souvent au regard des connaissances existantes…
«Je le pansai, Dieu le guérit».
Le Dr Ambroise Paré savait que, au-dessus, au-delà des réalités et des limites présentes (bien que la médecine en ce XXIe siècle ait de remarquables réussites) existe un recours qui peut surgir en tous temps,
et que des siècles de foi et d’expériences sûres accréditent.
La Bible le révèle, les Évangiles en témoignent.
Ambroise Paré était un grand scientifique,
mais aussi un sage.