Winston Churchill ne fut pas tendre envers les hommes politiques ! C’est le moins que l’on puisse dire !
Et cependant il fut l’un d’entre eux et des plus brillants…
Ses discours et ses réparties demeurent célèbres… Il était redouté à juste titre, se servant des mots comme d’une rapière :
Ainsi, à un jeune député qui lui demandait comment il aurait pu mettre « plus de feu » dans le discours qu’il venait de prononcer, il déclara :
« Ce que vous auriez dû faire, c’est mettre le discours au feu ! »
Parlant d’une des grandes personnalités, amiral, député, il l’exécuta en ces termes :
« Il compte parmi les orateurs dont on dit justement :
« Avant de se lever ils ne savent pas ce qu’ils vont dire, pendant qu’ils parlent ils ne savent pas ce qu’ils disent, et quand ils se rassoient, ils ne savent pas ce qu’ils ont dit ». »
Et à l’intention du même :
« Je comprends que Monsieur le député souhaite continuer à discourir. Il a sérieusement besoin de s’entraîner. »
Ou encore :
« Certains changent de parti en fonction de leurs opinions… d’autres changent d’opinions en fonction de leur parti ! »
Parmi les qualités nécessaires qu’un homme politique doit posséder, il notait :
« La capacité de prédire ce qui va arriver demain, la semaine prochaine, le mois prochain, et l’année prochaine.
Et la capacité d’expliquer pourquoi cela n’est pas arrivé ».
D’où cette réflexion :
« J’évite toujours de faire des prédictions d’avance, il vaut beaucoup mieux prédire un événement une fois qu’il s’est produit ».
Et à propos d’un député ayant rejoint un autre parti :
« C’est la seule fois de ma vie où j’ai vu un rat nager vers un navire en perdition ».
Par contre, il ne se serait vraisemblablement pas attribué cette terrible conclusion :
« C’est un homme modeste, qui a de nombreuses raisons de l’être ».
Dans la vie publique comme dans la vie privée, l’humour a toujours été une de ses armes favorites.
Il affirmait : « Ecrites ou prononcées, les paroles sont les seules choses qui durent ».
Cependant l’on aurait tort de ramener ce grand personnage de l’Histoire aux seules paroles…
Il fut un géant parmi les grands hommes qui ont marqué le XXe siècle… et si ses défauts étaient à la mesure de son génie,
son courage, son obstination, son talent (il fut Prix Nobel de littérature en 1953)… ne sauraient être oubliés.
La résistance et la victoire contre l’Allemagne nazie lui doivent beaucoup…
Mais revenons aux hommes politiques dont il fut l’un des plus redoutés et redoutables.
Les portraits qu’il dressait à grands coups de sabre ou de plume, sont-ils proches de la réalité ?
Parfois peut-être, car quelles que soient sa situation et ses responsabilités, l’homme demeure un homme, avec ses qualités et défauts… et pour certains d’hypothéquantes faiblesses…
La France n’est pas l’Angleterre… et certains traits acérés ou hilarants ne correspondent guère à l’esprit français, et encore moins en ce début du XXIe siècle, mais la nature humaine est, pour l’essentiel, partout semblable…
On comprendra cependant que des hommes et femmes politiques se sentiraient quelque peu blessés ou injustement stigmatisés par certaines des déclarations churchilliennes.
Et si certains mériteraient les flèches et condamnations du grand politicien anglais, d’autres auraient raison de ne pas se sentir concernés.
Il est des hommes et des femmes, de tous âges et de toutes origines qui, ayant été élus à divers postes, des plus modestes aux plus élevés, ont eu comme motivation première, le service de leurs concitoyens, de leur contrée ou de leur pays… et qui ont eu le mérite, quels qu’aient été les honneurs et les « avantages » octroyés par ces fonctions, de la conserver.
Si l’ambition et « les délices du pouvoir » poussent d’aucuns à se lancer dans la carrière politique, d’autres mesurent les renoncements et sacrifices qu’il leur faudra consentir, tant sur le plan familial que de la tranquillité de leur existence…
C’est pourquoi on ne peut parler des politiciens comme s’ils se ressemblaient tous… et étaient animés des mêmes sentiments et des mêmes pensées.
Un maire de commune rurale, comme des conseillers municipaux de petites villes… doivent souvent accepter bien des contraintes et effectuer de nombreuses tâches qui compliquent leur vie personnelle, familiale et professionnelle…
Au lieu de les « brocarder » ou pire les critiquer, il serait plus juste et plus élégant de reconnaître leur dévouement…
Si dans leurs fonctions les élus font preuve d’une déontologie sans faille, d’un grand respect des droits de chacun, notamment des plus humbles, d’humilité dans l’exercice des pouvoirs qui leur sont accordés…, ils méritent l’estime de tous.
La difficulté grandissante à découvrir des volontaires, en particulier de futurs maires, prouve que les divers postes ne sont plus attractifs…
Peut-être le moment est-il venu de jeter un nouveau regard sur les élus, et s’ils sont dignes de leurs fonction et engagement, de les en remercier.
Un simple merci peut apporter à ceux qui se dévouent, une grande joie… parfois plus que telle ou telle décoration.
Winston Churchill fut grand à certains égards… mais pas un exemple en tout.
Pour l’être il lui eût fallu une autre approche de l’Évangile qui aurait éclairé toute son existence.
Au regard de l’éternité, devant Dieu… les premiers ne le seront pas toujours… et il est des modestes, des petits… dont les vies apparaîtront à leur juste valeur, et les derniers deviendront les premiers, comme le laisse à penser la Bible.
Yvon Charles