Un dimanche matin du début novembre, Benjamin et Angélique Macé constatent avec amertume que leur «palais du rire», installé à la fête foraine de Concarneau, a été dégradé. L’un des éléments de l’attraction a été arraché et volé: une planche de surf qu’ils avaient eux-mêmes montée sur pivot métallique mobile.
La caméra de vidéo-surveillance du «manège» montre que les voleurs sont des jeunes très alcoolisés. Le couple de commerçants forains porte plainte au commissariat de la ville…
Mais trois jours plus tard, au retour de funérailles, il a la surprise de trouver, devant son attraction, non seulement la planche de surf volée – et abîmée – mais une seconde, toute neuve, montée sur le support métallique d’où la première avait été arrachée, le tout accompagné d’une «lettre d’excuse»:
«Nous étions malheureusement saouls et nous ne nous sommes pas rendu compte de la gravité de cet acte. Voici donc une nouvelle planche que nous avons achetée, ainsi que l’ancienne, malheureusement dégradée. Espérant que vous nous pardonnerez.»
Le couple a donc décidé de retirer sa plainte et de conserver la vieille planche, en souvenir de sa singulière «histoire».
Et il est vrai que le geste qu’elle symbolise désormais est aujourd’hui devenu aussi rare que réjouissant! Dans l’affligeante et inquiétante cascade quotidienne des vols, agressions, destructions et autres actes de vandalisme – devenus «incivilités» par la faute d’un «laisser-faire» complaisant et d’une veule culture de l’excuse et de l’impunité – un tel repentir fait l’effet d’un rayon de soleil dans un ciel d’orage tourmenté !
Il montre surtout qu’il suffirait de si peu pour éveiller les jeunes consciences, inculquer des valeurs, orienter pensées et actes vers le bien et l’altruisme, éduquer au respect…
Une société finit toujours par récolter ce qu’elle a semé. La nôtre a depuis trop longtemps semé le vent de la dérision sur des valeurs qui avaient pourtant édifié son «vivre ensemble», notamment; elle en a récolté la tempête destructrice que la plupart déplorent désormais…
Peut-être est-il temps de cesser de déplorer les conséquences dont on chérit les causes, et de semer autre chose dans les cœurs et les vies.
Les récoltes en seraient demain tellement meilleures !