«…Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.»
Vous vous souvenez peut-être du serment d’Hippocrate? Ou tout au moins ce nom laisse-t-il dans votre mémoire la pensée d’un idéal élevé, d’une règle de comportement, et même de vie, qui ennoblit l’homme et a éclairé l’humanité d’un rayon de lumière.
De fait, le serment d’Hippocrate, depuis quelque vingt-cinq siècles, a enseigné, exhorté, rappelé à des générations de médecins et au-delà, à tout «l’univers médical», le chemin à suivre et les fautes et pièges à éviter dans l’exercice de leur profession si importante et délicate.
Il n’a pas de valeur juridique mais est cependant considéré comme l’un des textes de référence de la déontologie médicale.
L’extrait cité au début de cet éditorial provient du texte actualisé par l’ordre des médecins.
Écoutons encore ces autres paroles :
«…Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés.
Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences…»
Hippocrate est né à Cos en 460 avant J-C.
Le texte original qu’il a établi est plus long et culturellement plus lié au contexte de son époque… Mais dans son essence, dans son message, dans ses détails même, il ne diffère en rien de la version revue en 2012 par l’ordre des médecins…
Mais sont-ce uniquement les médecins et le monde médical qui sont concernés ?
Toutes les professions, quelles qu’elles soient, ne devraient-elles pas, pour le moins, s’inspirer de sa philosophie, de son humanisme, de ses exigences ?
Quel bouleversement cela amènerait dans les relations entre hommes, dans la vie des hommes et femmes de toutes cultures et de tous lieux !
Notre époque en aurait, en a tellement besoin, plus peut-être qu’en d’autres temps !
«Toutes les professions» soulignais-je, mais certainement également les gens de pouvoir, les politiciens, et les chefs et responsables de tous niveaux et en tous domaines.
Cependant notre regard ne doit pas s’arrêter sur ces seuls personnages, mais embrasser le peuple, les peuples en tous pays,
et donc, nous-mêmes, chacun de nous, qui que nous soyons, et quel que soit notre âge ou notre position sociale ou autre…
Un regard ancien, et toujours nouveau, car l’être humain ne change pas, même si les «décors du théâtre» de ce monde se modifient.
Mais cette parole, sans complaisance, ni superficialité, ce serment, véritable ascèse, n’est pas seulement règle et «contraintes» !
Il est aussi, et plus encore, appel et libération :
appel à lever les yeux au-dessus de la médiocrité quotidienne, au-dessus du spectacle souvent attristant de ce monde en dérive,
pour apercevoir des horizons plus nobles, plus purs, plus exaltants…,
et ce faisant, se libérer des pesanteurs de sa nature ou des us et coutumes, modes et habitudes qui alourdissent la marche et assombrissent le sentier de la vie.
Le serment d’Hippocrate ne contient pas tout le message de lumière, de joie et d’espérance de l’Évangile, mais il en est un écho.
Sa pérennité vient également de cette réalité intemporelle.