Un simple et rapide coup d’œil sur la carte du Tour de France 2017 suffit à laisser une curieuse impression: celle d’un grand vide. Comme si le concepteur ou l’imprimeur avait fait une erreur, laissant un grand «blanc»…
Mais non. Point d’erreur. La légende de la carte et le texte qui décrit le parcours de la plus célèbre des courses cyclistes le confirment : Le Tour n’est pas du tout un tour!
Car si, littéralement et géographiquement, un Tour de France est un tour de la France, ce Tour-ci n’est qu’un petit tour en France…
Si l’on excepte une incursion jusqu’à Troyes depuis Vesoul, et l’arrivée à Paris (au lendemain d’un contre-la-montre à Marseille) ce sont pratiquement les deux tiers Nord et Ouest de l’Hexagone qui ne verront ni coureurs, ni caravane!
En revanche, le départ et les premières étapes se feront en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg.
Certes, l’on conçoit bien qu’il soit aujourd’hui difficile de faire parcourir aux cyclistes l’ensemble des régions en une édition annuelle du Tour…
Et, c’est vrai, pourquoi ne pas faire un petit tour chez nos voisins européens de temps à autre? Mais désormais ce sont les grands départs qui se donnent à l’étranger : Hollande en 2010, Belgique en 2012, Angleterre en 2014, Hollande en 2015… et peut-être Danemark prochainement. Si l’Europe devait un jour s’étendre de l’Atlantique à l’Oural, selon une célèbre formule, il faudra envisager Vladivostok !…
Mais si les mots ont un sens – et s’ils doivent désigner des réalités – peut-être est-ce le nom «Tour de France» qui serait à revoir… ou alors le parcours de la course.
Car l’un des maux secrets et sournois dont souffre notre société – bien au-delà de ce petit exemple, et bien plus gravement qu’il n’y paraît – est le travestissement des mots, la manipulation du langage, la perte de sens. Or, mal nommer, c’est ensuite mal être et mal faire, comme l’ont souligné bien des penseurs…
Ne débaptisons donc pas le Tour de France mais, sans chauvinisme aucun, faisons-lui faire un grand tour en France !