Or, j’ai pu constater que j’avais – et que j’ai aujourd’hui – le soutien de ma hiérarchie dans ma démarche… », nous a confié M. Jean-Christophe Paul.
Taillé en force, l’homme n’a de prime abord rien d’un « paperassier », et l’on comprend que ses loisirs, actifs et éclectiques, l’aient plutôt porté vers les sports et activités de nature, ou les mécaniques anciennes…
Mais l’échange révèle aussi très vite une personnalité pétrie de réflexion et de culture.
Tour à tour avec gravité et humour – à l’anglaise – M. Paul enchaîne, de sa voix profonde et rocailleuse, des propos émaillés de silences qui trahissent la recherche du mot juste, le
souci d’une expression nuancée, le recul qui donne épaisseur à la pensée, sans fuir la parole forte, incisive, voire cinglante…
Dans le regard bleu acier, comme dans le propos et l’attitude, on perçoit une force tempérée de bienveillante humanité, une résilience forgée dans l’écoute de l’autre et la ferme conviction tout à la fois.
Nous avons voulu ce mois faire le point sur la situation de l’hôpital de Carhaix, avec celui qui en préside à nouveau sur place les singulières destinées, après l’avoir fait une première fois, aux heures cruciales où se mettait en place la fusion avec le CHRU de Brest : retracer ce qui fut – et reste – « un parcours du combattant », dessiner des perspectives d’avenir, ouvrir quelques « dossiers brûlants »… poser des questions sans concession, sur ce qui demeure un « outil » majeur de la vie de Carhaix et du Centre-Bretagne, dont la population a montré dans les moments difficiles combien elle l’avait particulièrement à cœur.
Voudriez-vous vous présenter brièvement ?
« Je vais avoir 56 ans et suis directeur d’hôpital depuis ma formation en 1991. J’ai exercé presque toujours en Bretagne, à Brest, Quimperlé, Brest-Carhaix puis – après un temps à
Mayotte – à nouveau à Brest-Carhaix. Je suis marié et père de trois enfants.
J’ai des liens familiaux, et une relation affective avec la région puisque ma famille est originaire, pour sa quasi-totalité, du Centre-Bretagne, dans un rayon de 20 à 25 kilomètres autour de Carhaix… Même si une branche a, un peu par hasard, « atterri » à Belle-Ile-en-Mer. Au début du 20e siècle, une grande partie des fermes de l’île ont été reprises par des habitants d’ici : de Collorec, Plouyé… Il y avait à l’époque surpopulation dans les campagnes du Finistère, alors que sur Belle-Ile, beaucoup de paysans abandonnaient leurs fermes pour trouver un emploi plus lucratif dans les pêcheries et conserveries de sardines, qui étaient en plein essor.
Des journaliers agricoles du Centre-Bretagne accédaient là à un statut de métayers dans un certain nombre de fermes de l’île…
J’ai appris à lire à Maël-Carhaix… Et à nager à la piscine de Carhaix, bien qu’étant souvent à Belle-Ile-en-Mer, pour les raisons évoquées.
Mes loisirs sont variés : chasse, pêche en mer, apiculture en amateur, marche à pied, moto parfois… Je m’intéresse surtout aux vieilles motos. »
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