Il est des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans la mémoire d’un enfant et qui le marqueront toute sa vie ou presque. Ainsi, la jeune Embla Ademi gardera sans doute longtemps en pensée cette journée d’hiver, de même que ses parents, qui ne s’attendaient certainement pas à recevoir un tel soutien dans les difficiles moments que traversait la famille.
Scolarisée dans une école de Gostivar, en Macédoine du Nord, la pré-adolescente de 11 ans était harcelée et victime de persécutions en classe. Elle se trouvait même isolée des autres par ses professeurs.
En cause, sa simple différence… Embla est porteuse de trisomie 21.
Dans un pays où plus de la moitié de la population pense que les enfants en situation de handicap ne peuvent pas vraiment s’intégrer à la société, la scolarisation de la jeune fille, si importante pour son développement, pouvait sembler plus que compromise… ou pour le moins hypothéquée par les comportements discriminants de ses camarades et de certains de ses professeurs.
C’était sans compter sur un soutien aussi surprenant qu’inattendu. Celui de M. Stevo Pendarovski, qui n’est autre que le Président de la République de Macédoine du Nord. Ayant eu écho de la situation de cette famille et des méfaits dont était victime la jeune fille, l’ancien parlementaire a voulu marquer les esprits en l’accompagnant à pied avec ses parents, jusque dans la cour de récréation. Alors que près de 81 % des citoyens macédoniens estiment que les enfants au développement atypique devraient être séparés des autres à l’école, le geste du chef de l’Etat constituait un message fort adressé à tous mais aussi un véritable signe d’encouragement pour les familles de ces enfants.
«Nous sommes tous égaux dans cette société», rappelait-il, avant de poursuivre : «Ces enfants ne devraient pas seulement jouir des droits qu’ils méritent, mais aussi se sentir égaux et bienvenus dans les salles de classe ou les cours de récréation. C’est de notre devoir, en tant que nation, mais aussi en tant qu’individu. Et l’élément-clé de cette mission commune s’appelle l’empathie.»
Si des progrès ont été réalisés ces dernières années en ce domaine, il reste encore tant à faire pour favoriser l’intégration des personnes en situation de handicap. Monsieur Pendarovski rappelle ainsi à tous que seule une prise de conscience individuelle permet des changements à l’échelle de la société.
J.G.