Cela s’est passé il y a quelque temps dans une école rurale de notre région.
Une petite fille très déstabilisée par des problèmes familiaux, souffrant de la séparation de ses parents, vivait des moments difficiles…
Très agitée, quasi hystérique à certains moments, elle ne pouvait pas se concentrer, et ne s’intéressait plus à l’instruction dispensée, ni à la vie de la classe.
L’enseignante avait essayé de l’aider de plusieurs manières mais toujours en vain.
En désespoir de cause elle proposa à une autre petite fille, élève calme et réfléchie, travaillant rapidement et bien, et qui plus est, compatissante… de bien vouloir venir s’asseoir auprès de l’enfant en difficulté.
Elle accepta donc de devenir sa voisine et de l’aider.
Le résultat fut spectaculaire.
Apaisée, retrouvant le calme intérieur et l’espoir, l’enfant reprit confiance et montra un intérêt nouveau pour ce qui se passait autour d’elle; ses progrès en tous domaines furent rapides…
Cette petite histoire authentique est réconfortante à maints égards et j’ai voulu en faire écho.
Banal d’apparence, le fait était loin de l’être pour la petite fille en difficulté.
Une autre anecdote semblable illustre cette attention des enseignants soucieux de la réussite de leurs élèves, mais aussi de leur sérénité et de leur épanouissement :
«…Deux professeurs des écoles parlaient ensemble, non loin du terrain de sport où une classe disputait un tournoi de thèque.
Des encouragements scandés sur «l’air des lampions» soudain attirèrent leur attention :
les voix juvéniles s’unissaient pour porter vers la victoire un tout jeune handicapé qui était en train de réussir une performance pour son équipe….
Ainsi que l’un des enseignants le fit remarquer plus tard, tous ces très jeunes élèves sont d’une grande gentillesse avec leur camarade handicapé…
Ils l’aident, l’encouragent, lui démontrent à tout instant leur attention…»
On est loin des moqueries, sarcasmes, et parfois sévices, qui trop longtemps, et hélas parfois aujourd’hui encore, ont marqué et blessé la vie de celui qui était différent, souffrant de quelque handicap…
Là encore, comme pour la petite fille précitée, la présence, le travail des enseignants a été essentiel.
Que pourrait-on conclure :
«Pédagogie» de l’intelligence ?
Pédagogie du cœur ?
Oui, pour le moins !
Bien des enseignants pourraient apporter de semblables témoignages, qui sont autant de rayons de soleil dans leur profession souvent difficile, et rendue plus compliquée encore par les maux que connaît et répand notre société cahotante.
Il est courant d’entendre parler «des problèmes de l’école»… et d’aucuns, non sans hypocrisie et parfois cynisme, laissent à penser que «l’école est en crise»… et que les enseignants, leur formation, leur inadaptation… en seraient la cause.
Hypocrisie et cynisme car l’école est le reflet de la société, et elle en reçoit tous les contrecoups.
«Quartiers sensibles… familles recomposées… mixité sociale, etc.», que de termes choisis pour ne pas regarder les réalités en face…
L’école n’est pas malade et résiste plutôt bien dans un monde bouleversé.
Les enseignants, pour la plupart, font un travail remarquable, d’autant plus méritoire que, depuis quelques dizaines d’années, ils ont dû subir les idéologies et bizarreries que des idéologues ou autres Trissotins des hautes sphères de l’Education Nationale, leur ont imposées, méprisant qui osait ne pas les suivre dans leurs élucubrations et découvertes «brillantissimes».
De la méthode globale aux «référentiels bondissants aléatoires»… que de théories et de jargons prétentieux rappelant «les femmes savantes» de Molière ! :
Parents, vous êtes des «géniteurs d’apprenants», le crayon est devenu «l’outil scripteur», l’élève en difficulté: «un inappétent scolaire», la cour de récréation : «un espace interstitiel de liberté», etc.
M. Jourdain a beaucoup d’émules! Mais Molière est oublié (ou plutôt archivé dans les musées des temps révolus…).
Que de dégâts ont fait et font ces pédants à la préciosité vaniteuse et arrogante…
L’idéologie et les phantasmes priment sur toute autre considération.
La réflexion de Boileau est plus que jamais d’actualité :
«Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément».
L’édifice scolaire est ainsi ébranlé par des pseudo-penseurs et leurs disciples, par des «Trissotins» verbeux et dominateurs qui rêvent de créer «un homme nouveau» selon leur vision et leurs desseins… et leur langage d’initiés leur donne l’illusion affriolante d’être d’une caste supérieure!
Mais leur poursuite du Graal et de leur pierre philosophale est mortifère pour les enfants.
L’enfant n’est pas un cobaye, ni un numéro ;
il n’est pas un robot, ni un objet que l’on utilise…
C’est un être vivant, un humain à part entière, pour lequel on doit avoir un immense respect, et un profond sentiment fraternel.
L’enfant appartient en premier lieu à ses parents, ceux qui lui ont donné la vie et l’accompagnent de leur amour quotidien.
Les éducateurs peuvent apporter leur pierre à cette délicate construction, mais en complémentarité et en toute loyauté.
La mission de l’enseignant est l’une des plus belles qui soient, des plus délicates aussi, et notre époque troublée et troublante ne la facilite guère.
Encore faudrait-il que les pouvoirs publics, qui gèrent les impôts des citoyens, s’intéressent vraiment à la vie et au devenir des écoles et en particulier des écoles rurales, apportant une aide conséquente et appropriée, qui leur permette d’accomplir leur tâche,
au lieu de les sacrifier… et de n’avoir comme solution «d’avenir» ! que les regroupements, fuite en avant, qui confine à une désertion qui n’ose pas dire son nom.
Cependant nombre de maîtres (permettez-moi d’utiliser cet ancien mot plein de noblesse, tel celui d’instituteur, d’institutrice) accomplissent leur tâche avec le sens profond de leur responsabilité et avec «cœur».
Car cette enseignante qui a tant aidé la petite fille en difficulté,
cet enseignant qui a appris à ses élèves à respecter, plus, à aimer le petit handicapé,
sont d’authentiques éducateurs. Leur pédagogie est celle de l’intelligence et du cœur ! Elle est aussi celle de la vraie science.
Rabelais, faisant écho au latin Juvénal, a donné une bonne définition : «un esprit sain dans un corps sain».
Et l’on pourrait ajouter: «avec un cœur généreux».
Il semblerait que depuis quelques mois souffle sur l’Education Nationale un vent nouveau, comme un retour au bon sens et aux fondamentaux de l’éducation.
Attendons pour conclure, mais l’espoir est permis,
et laissons les idéologues et leur volonté de tout assujettir à leur idéologie et à leur dessein,
ainsi que les Trissotins, s’égarer dans leurs chimères…
Le principe que proclame l’homéopathie pourrait être retenu en matière éducative : «D’abord ne pas nuire !»
Et cela prend toute son importance quand il s’agit des enfants,
ne pas nuire, mais instruire, aider, accompagner, respecter, aimer…
C’est le «programme» éternel que révèle la Bible :
«Aime ton prochain…»
C’est le message du Christ Jésus.