Toute jeune, Laura Busière voulait déjà être maréchal-ferrant; mais dissuadée par ses proches («C’est un métier d’homme, tu vas te casser le dos!»), elle s’oriente vers une licence de géographie. Vite déçue par le manque de contact avec la nature, elle se décide à franchir le pas du CAP de maréchal-ferrant. Originaire du Nord, elle doit se déplacer dans toute la France pour trouver des maîtres de stage, parfois réticents à employer une femme. Mais elle assume son petit gabarit: «Je sais que face au cheval, je ne fais pas le poids. Quand on fait 50 kg, on est consciente de ses limites! Alors j’agis avec peut-être plus de patience et de douceur qu’un homme!».
Arrivée en Bretagne en 2019, elle habite aujourd’hui à Plévin et s’occupe surtout de chevaux de randonnée ou «retraités». Elle soigne beaucoup moins de chevaux de courses que dans le Nord, mais elle a tout autant de plaisir à remettre en forme des chevaux délaissés, ses «petits tordus», ainsi qu’elle les surnomme affectueusement.
Le travail consiste à nettoyer et couper la corne des sabots, et poser des fers adaptés à la morphologie et à l’activité de l’animal. «Cela demande beaucoup de précision, pour ne pas faire mal au cheval. Il faut aussi repérer d’éventuelles pathologies. Je peux passer des soirées entières pour bien me documenter», confie-t-elle. Aujourd’hui, il y a moins de forge que par le passé, elle utilise toutes sortes de fers de différentes pointures, qu’il faut toutefois ajuster parfaitement au sabot de l’animal. Elle se déplace chez les clients avec sa camionnette équipée d’une petite forge et de tout le nécessaire pour entretenir les sabots.
Physiquement, ce n’est pas toujours facile et il y a constamment un risque inhérent à la taille des animaux. «Une fois, un âne m’a surprise et envoyé un coup de sabot dans la mâchoire qui s’est démise, se rappelle-t-elle. Il faut toujours rester vigilante et penser qu’il peut se passer quelque chose».
Mais Laura Busière se plaît toujours autant dans ce métier, en extérieur, souvent dans un bel environnement et en contact avec des clients passionnés. Et si la mer lui manque un peu –elle habitait auparavant non loin de Calais–, elle est en revanche conquise par le calme du Centre-Bretagne et est heureuse d’y travailler.