Récemment, plusieurs proches d’une personne hospitalisée à Carhaix échangeaient sur les avantages qu’offre un «petit hôpital» de proximité pour les patients et leurs familles: les visites facilitées, et donc la possibilité pour le malade de conserver un contact étroit avec les siens, ses amis, son cadre de vie… plus qu’un lien social, un lien affectif concret et nourri, facteur que l’on sait si important sur le plan psychologique – pour «le moral» comme on le dit…
Non seulement – notaient ces personnes – cela est vrai pour les relations familiales et amicales, mais également bien souvent dans les échanges avec le personnel : dans le «petit hôpital» d’une «petite ville» il est bien rare que l’un ou l’autre des soignants ne connaisse pas un proche du patient, ou n’ait avec lui quelque connaissance ou ami commun…
Les évocations qui peuvent naître de cette proximité maintiennent le malade – forcément un peu coupé, par sa situation, de ses repères habituels et sécurisants – dans une communauté de vie, connue, rassurante… Il est encore un peu «chez lui», à la différence de celui qui est hospitalisé à distance.
S’ajoute à tout cela la proximité que crée quasi naturellement la petite dimension ; celle des lieux, des services, des équipes… Et l’atmosphère forcément plus sympathique, «familiale» qui en découle…
Sans doute l’expression «à taille humaine», souvent employée à juste titre, résume-t-elle le mieux ces réalités.
Mais c’est aujourd’hui cette «taille humaine» qui disparaît partout sous le rouleau compresseur du quantitatif, et au nom d’une hypothétique et discutable «efficacité». Dans cette société où le chiffre règne en maître, le «petit» n’a plus droit de cité : les petites écoles, les petits hôpitaux… – même les petites gendarmeries bientôt – sont fermés.
Comme l’exprime si bien Gauvain Sers dans sa chanson «Les oubliés», trop souvent «en haut lieu» ce sont les tableaux Excel et désormais les algorithmes qui mènent le monde. De si loin, patients, élèves, «usagers»… se voient en chiffres, et ne sont plus alors que des anonymes, désincarnés et déshumanisés… des numéros.
Or, en société humaine, c’est toujours l’humain qui devrait prévaloir et dicter la loi.