«C’est trop loin… on va attendre demain, en espérant que ça aille cette nuit!»

En ce dimanche soir de fin d’hiver, ces grands-parents viennent de sortir de la «maison médicale de garde» du pays COB, localisée dans le Centre Hospitalier de Carhaix. Ils ont déjà fait plusieurs kilomètres pour venir avec leur tout jeune petit-fils, qu’ils gardent quelques jours, et qui a des pics de fièvre importants. Malgré l’heure qui commence à être tardive, le médecin de garde a consciencieusement pris le temps de voir tous les patients qui attendaient.

Mais une fois le diagnostic posé et l’ordonnance obtenue, c’est la «douche froide»: la pharmacie de garde est à Saint-Nicolas-du Pélem aujourd’hui… soit à une quarantaine de kilomètres!

Comment vont-ils faire pour parcourir tous ces kilomètres afin d’aller chercher les médicaments, dans la nuit tombante, et avec l’enfant malade qui pleure? Et quid de ceux qui n’ont pas de véhicule?

Même constat pour la patiente suivante qui attendra pour aller chercher ses antalgiques et ses antibiotiques; c’est trop loin…

Triste constat… La pénurie de médecins rend déjà difficile l’obtention des rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales, et si en plus il faut parcourir 20 voire 40 kilomètres de route pour accéder à la pharmacie…

Bien entendu, le souhait des praticiens, qu’ils soient médecins ou pharmaciens, de ne plus être «taillables et corvéables à merci» comme l’ont souvent été leurs aînés est légitime, d’autant que leur métier comprend déjà de nombreuses contraintes. Ainsi, leur regroupement par secteur pour se répartir les gardes a tout son intérêt…

Il est également difficilement imaginable de calquer l’organisation des médecins généralistes pour les pharmaciens: le pharmacien ne pourra pas se déplacer avec sa pharmacie, et aura des difficultés à être efficient dans une pharmacie qu’il ne connaît pas…

Mais il fut un temps où il y avait toujours une pharmacie de garde sur Carhaix ou à proximité immédiate. Et cela ne semble pas inutile quand les patients sont de toute façon obligés de venir dans la capitale du Poher pour avoir un avis médical (et une ordonnance) les week-ends et jours fériés.

Peut-être y aurait-il là une amélioration possible pour faire en sorte que le patient (malade), qui a déjà dû faire de la route (ou se faire conduire) pour venir à Carhaix en consultation, n’ait pas ensuite à faire des dizaines de kilomètres de route supplémentaires pour aller chercher son traitement… et autant pour revenir!

G.K.