Ces vingt dernières années, quatre communes rurales sur cinq ont vu leur population augmenter à nouveau grâce à cet exode urbain, certes encore timide pour l’heure, mais non moins réel.
La Bretagne centrale, vieille terre d’exode rural – hélas ! – commence à en bénéficier à son tour, révèlent les statistiques et les constatations réjouies d’édiles bretons.
Mais si les mêmes statistiques racontent la belle histoire d’un enracinement heureux dans la France profonde pour un grand nombre de ces néo-ruraux, elles disent également des échecs et des déconvenues… Et des retours à la vie urbaine.
C’est que la campagne rêvée – ou celle des vacances, l’espace d’un bref été – n’est pas toujours celle des réalités terre-à-terre…
Et c’est même ainsi que l’on a vu naître ici et là ces dernières années des tensions entre ruraux des villes et ruraux des champs, et se multiplier des procès contre les sonnailles de vaches et de moutons alpestres, des carillons de clocher, des mares hébergeant des grenouilles un peu sonores; bref de «veaux, vaches, cochons et couvées» trop… campagnards !
Si souvent des tribunaux ont donné raison à des oreilles citadines que les bruits champêtres incommodent plus que le tintamarre des rues, n’en demeure pas moins une question fondamentale : pourquoi les nouveaux venus imposeraient-ils aux villageois anciens leur vision d’une ruralité citadinisée ? Pourquoi venir imposer un mode de vie chez ceux qui en ont construit un autre ?…
Le problème n’a rien d’anecdotique: il fait écho à une certaine révolte qui gronde dans les campagnes contre des projets, mesures, lois, règlements que des décideurs d’un pays centraliste, désormais urbanisé aux deux tiers de sa population, veut appliquer sans nuance, ni adaptations ou subsidiarité, au tiers restant de ses habitants, vivant dans une ruralité dont les réalités sont de plus en plus méconnues…
Alors… bienvenue aux néo-ruraux qui aiment nos campagnes pour ce qu’elles sont !