Depuis 7 ans, de charmantes petites maisons sur roues (d’où le nom de Ty Rodoù) sortent des ateliers de Matthieu Millet et Stéphane Grattesac. Ces deux charpentiers se sont lancés en 2016 dans l’aventure des « tiny houses », concept né au début des années 2000 et qui est un mélange subtil entre la mobilité de la caravane, le charme de la cabane, le confort et la durabilité de la maison. L’objectif est de vivre différemment, en ayant un impact minimum sur son environnement.
« Nos clients sont courageux, reconnaît Matthieu Millet, parce que ce n’est pas simple de passer de 100 m² à 15 m². Il faut supprimer les ¾ de ses affaires. L’idée est de se débarrasser du futile, de ce qui encombre, et apprendre à partager avec ceux qui sont autour. »
La plupart des clients sont des personnes seules ou des couples. Chaque maison est construite avec le client, il n’y a pas de modèle standard. Thérèse, une cliente venue suivre l’avancement de sa «tiny house», ne tarit pas d’éloges : « c’est modulable, c’est fait avec une équipe sympa. Je veux y mettre l’essentiel, ce qui compte vraiment pour moi ».
Pour rester en cohérence avec la démarche écologique, les matériaux proviennent des environs. Le bois est bien sûr breton: l’extérieur est en cyprès ou en cèdre ; à l’intérieur sont utilisés le peuplier, le séquoia, l’épicéa, le chêne… Le châssis est aussi produit en Bretagne.
Le coût d’une maison toute aménagée est de 60 000 à 80 000 €. Elle dispose le plus souvent d’une cuisine, d’un coin douche et toilettes, voire d’une ou deux mezzanines. Tout l’aménagement intérieur, magnifiquement fini, est réalisé sur place et sur mesure. Une terrasse peut augmenter la surface pour les beaux jours. Mais tout est personnalisé selon les désirs (et les finances…) du client, qui est essentiellement breton.
L’actuelle pénurie de matériaux a un impact sur le coût de construction : « Nous avons l’habitude de travailler le bois local, avec les défauts qu’il peut présenter. Habituellement, il n’intéressait pas les acheteurs étrangers. Mais ce n’est plus le cas maintenant », regrette Matthieu. Il craint d’ailleurs une carence en bois dans les années à venir, à cause d’un manque de replantations.
Mais le principal frein au développement de l’habitat léger est l’urbanisme, parce qu’il ne rentre pas dans les cases de l’administration. «Les clients ont le choix, détaille Matthieu : soit déposer un permis de construire (mais on perd alors la possibilité de se déplacer), soit habiter en « pirate », parce qu’on ne peut pas demeurer plus de trois mois au même endroit sans permis.» Selon les endroits et les maires, différentes solutions sont trouvées.
« D’un autre côté, ces difficultés nous préservent, parce que l’habitat léger reste un marché de niche, pour des passionnés. Les grandes entreprises ne s’y intéressent pas. »
Si cet habitat vous tente, il vous faudra être patient : à raison de huit « tiny houses» par an, le carnet de commande des six salariés de Ty Rodoù est complet jusqu’au printemps 2024. Cela vous laissera le temps de mûrir votre projet !
Olof Alexandersson