Serait-il un fumeur invétéré ? Bien au contraire, mais la passion l’a pris par hasard en 1987, après 6 mois d’hospitalisation.
«Quand je suis sorti de l’hôpital, il fallait que je reprenne la marche, alors avec un ami nous parcourions la ville où je suis né, à St-Quentin. Un jour, nous sommes entrés dans une foire à la brocante, pour voir et, un peu par jeu, nous avons chacun acheté un objet: lui un marteau et moi ma première pipe. Je n’imaginais pas où cela allait me conduire. Je m’étais fixé d’en avoir une centaine, par curiosité, aujourd’hui j’en possède plus de 4500».
M. Dermont commence alors à « écumer » les brocantes de sa région, organise quelques expositions, mais la passion est là qui le conduit à sillonner la France avec son camping-car qui, comme il le dit, s’arrête toujours dès qu’il passe devant une brocante.
«Je ne pense pas en avoir deux identiques»
Aujourd’hui le mode de recherche a évolué, fi du terrain (en partie tout du moins) place à eBay. Mme Dermont joue le rôle de commerciale pendant qu’il repère les pièces les plus intéressantes. «Il faut savoir renchérir dans les 10 dernières secondes, précise cette dernière, pour espérer emporter l’objet à un prix acceptable». Car les prix peuvent s’envoler de quelques dizaines d’euros à plusieurs centaines pour une pipe.
Notoriété aidant, un réseau permet au collectionneur de recevoir parfois des dons de pipes dont des héritiers se débarrassent, souvent heureux de leur donner une deuxième vie. Mais le plus surprenant est sans doute d’avoir pu rassembler toutes ces pipes sans quitter le territoire français, alors que certaines sont très exotiques… De quelques centimètres à plusieurs mètres pour certaines, les pièces de la collection ne manquent pas de surprendre. Pipe de gardien de troupeau en forme de canne, pipe à opium, pipe à cognac, pipe de réserviste avec le nom des soldats gravé sur le bois… la liste serait trop longue, sans parler des matériaux : pipes en bois, en verre, en bambou, en maïs, en courge, en écume de mer, en faïence, en porcelaine, en bronze, en noix de corozo…
Chaque pipe a son histoire, parfois sa gravure, un animal, un personnage, une scène délicatement sculptée la transformant en un objet unique d’une finesse relevant d’un travail d’orfèvre.
Une collection unique qui ne demande qu’à sortir des cartons et qui ne manquerait sans doute pas d’éveiller l’intérêt de bien des visiteurs. Le projet avance tranquillement, et nos deux collectionneurs espèrent d’ici l’automne mettre en place un musée gratuit où ils exposeront un peu de l’histoire de ces fumeurs aux pipes parfois extravagantes.